En 9 vers, Edmond Rostand dit l'essentiel :

(Cyrano à Roxane)

Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?

Un serment fait d’un peu plus près, une promesse

Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,

Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;

C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,

Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le cœur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme !



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Rodin "Le baiser" (1889)

Lorenzo Ghiberti osait à peine y penser, Michel-Ange en rêvait... Auguste Rodin l’a fait. Son image du bonheur parfait – un fougueux baiser échangé entre deux jeunes gens dénudés – devait devenir l’une des oeuvres d’art les plus connues au monde.


Et, pour finir en beauté, cette page mystérieuse de Robert Schumann ("L'oiseau prophète", pièce tirée des Scènes de la Forêt Op. 82) n'évoque-t-elle pas un envol de baisers mutins sur la bouche aimée ? Je goûte en particulier, au milieu de ce court morceau, le passage plus lyrique qui est un rappel des vers de Rostand : un baiser, c'est surtout se goûter l'âme...


http://youtu.be/mBvZO9Vc0gc