En tout cas un genre littéraire litigieux. Depuis cette nuit, mon dernier opus L@mour texto a été retiré du catalogue kindle d’Amazon quelques jours seulement après sa parution, à la demande d’un des trois protagonistes. Désolé pour mes futurs ex-lecteurs et aussi pour « Omar » qui s’est senti impudiquement et unilatéralement mis à nu.

C’est l’éternel débat en littérature puisqu’il y aura toujours deux droits en présence et parfois en conflit : le droit à la libre expression (garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme) et le droit pour chacun – pour chaque amant – au strict respect de sa vie privée (garanti en France par l’article 9 du code civil). Sauf qu’en ce qui concerne mon opus il ne s’agissait (imparfait !) pas de diffamation ni d’atteinte à l’honneur mais d’exaltation et de sublimation de l’Amour. Mais je comprends que chacun ait ses pudeurs ou ses frayeurs…

Une autre question se pose, qui explique que je sois ce matin « sonné » par une telle remise en question de moi-même, même si j’ai une conscience de plus en plus aiguë d’être un écrivain mineur et parfois peut-être opportuniste : écrire ou ne pas écrire sur mes amours ? (Ou sur mon athéisme, mes fantasmes, mon homosexualité etc.) Publier ou ne pas publier ? Etre condamné ou non au bon vieux roman de gare (dans le genre « Les amants des praz ») ? Car l’exercice de la littérature reste hautement explosif. Tout comme l’amour de l’Autre. Seul Robinson Crusoé n’avait pas à s’interroger sur ce double paradoxe. Car le pauvre homme (sur)vivait non seulement sans livre mais aussi sans tendresse.

Comme je ne l’envie pas, comme je tiens à l’être aimé bien plus qu’à ma gloriole d’auteur, j’ai préféré jeter l’éponge, pardon, l’ebook, du moins provisoirement, même si j’en suis peiné et un brin exsangue : à travers ces mots faussement spontanés, tellement retravaillés (« Du pur copié-collé de sms ! » me reproche-t-il pourtant mais qu’est-ce qu’un tout premier lecteur - fût-il élu - pige à la création littéraire !), avec ces miniatures d’amour, ces fragments ciselés avec patience et aujourd’hui effacés, bref, c’est un peu de ma vie qui s’est donnée puis écoulée en pure perte…