Qu'est-ce qui vous a amené à participer à ce projet au musée du quai Branly ?

C'est à l'invitation de Stéphane Martin et de Hana Chidiac que j'ai été amené à considérer ce projet. J'ai collaboré à la mise en scène des collections et suggéré un autre regard sur le vêtement de ces régions, au-delà du noir, en mettant en valeur la couleur, la préciosité, les ornements de ces costumes traditionnels en voie de disparition.

En quoi ces collections vous ont-elles le plus touché ?

Elles me confortent dans l'idée qu'aucun couturier ne peut rivaliser avec ce qui a été élaboré par des siècles d'artisanat, de culture, de traditions et d'échanges. Ces vêtements, portés au quotidien, sont destinés à « paraître » mais aussi à « bien être ». Cette recherche du pratique et de l'esthétique harmonieusement combinés est proche du souci des designers d'aujourd'hui, la pureté et la générosité en plus.

Vous avez dessiné l'affiche, les motifs des murs et du sol, créé des coffres de présentation, qu'est-ce qui vous a inspiré ?

L'affiche reprend les blocs de couleur composant la forme de robe la plus typique ; j'ai composé le dessin du film en retravaillant un motif très abstrait ; celui de la moquette est l'agrandissement des broderies d'un des costumes et le coffre est un mélange de plusieurs formes polychromes provenant de Jordanie.

Comment avez-vous fait votre choix parmi tous les costumes ?

Hana me guidait lorsque certains détails ou la rareté de certaines pièces devaient être mis en valeur. Sinon, ce sont mes coups de cœur, les pièces que j'aurais aimé avoir créées, celles qui m'auraient inspiré. Ces femmes d'Orient font partie de ces cohortes d'inspiratrices qui m'ont montré la voie d'un métier où le vêtement se crée à mi-chemin du fantasme et de la réalité, de l'apparence volontiers menteuse et de la personnalité profonde, sans triche. Ce qui dissimule ces femmes les raconte bien mieux que n'importe quelle mode occidentalisée !


Interview réalisée par le magazine Version Femina.