ROBORATIVE VIEILLESSE
Par Michel Bellin le mercredi 30 mars 2011, 07:25 - Lien permanent
Dans La vie est ailleurs, le romancier Milan Kundera (qui vient d'entrer de son vivant à La Pléiade) imagine un vieux savant observant la jeunesse et découvrant un aspect inattendu du grand âge. Une parole forte pouvant expliquer que certaines vieilles gens (par exemple belle maman qui, bon pied, bon œil et langue de vipère, vient de fêter allègrement son 90ème printemps !), apparemment perfides, accèdent en fait sur le tard à une totale indépendance, entière liberté de penser et de s'exprimer, de s'attacher et de congédier, d'aimer et de détester… Qu'ont-elles à perdre puisque, désormais, leur Vie est déjà ailleurs ? L'attraction de la jeunesse n'est désormais pour ces momies en sursis savourant l'ultime suc de l'existence qu'un miroir aux niaises alouettes. Les conventions et les injonctions sociales ? Snobisme de pacotille ! Le clan familial ? Sanctuaire démythifié, conservatoire des plus sots préjugés et des plus hypocrites affections. Çà, ce n'est plus du Kundera, mais du Bellin pur jus !
« C'est seulement quand il est âgé que l'homme peut ignorer l'opinion du troupeau, l'opinion du public et l'avenir. Il est seul avec sa mort prochaine, et la mort n'a ni yeux ni oreilles, il n'a pas besoin de lui plaire ; il peut faire et dire ce qui lui plaît à lui-même de faire et de dire. »
Image extraite du film « Harold et Maud »