Une fois de plus, mon grand Chéri me fascine, m'attendrit, m'éblouit jusqu'aux palpitations de l'âme et à l'orgasme des oreilles. Je succombe à son charme vénéneux et subtil. (Sans pouvoir faire abstraction un seul instant de son physique enchanteur, regard pétillant et bouche carmine.) Là n'est pas l'essentiel : sa voix, ce timbre languide et pur, l'émotion qui s'en déclenche, plus forte et insinuante, à mon goût, que dans les pyrotechnies baroques où le jeune contreténor s'était jusqu'à ce jour illustré. Quel toupet d'enregistrer un tel disque consacré à la mélodie française ! J'imagine le dépit des divas ! Je conçois qu'on crie à l'outrage ou qu'on fasse la fine bouche, comme n'a pas manqué de le faire TELERAMA, l'hebdo des bobos. Moi, j'adore, je me pâme, je succombe, j'en redemande et, au cœur de la touffeur estivale, noyé d'émotions sous mon casque hi-fi, je déguste en boucle OPIUM, 24 mélodies interprétées également par Jérôme Ducros au piano, Renaud Capuçon au violon, son frère Gautier au violoncelle, à la flûte Emmanuel Pahud et à la voix, vous l'aurez reconnu, le miraculeux Philippe Jaroussky.



L'heure exquise

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée ...

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure ...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise ...

C'est l'heure exquise.