<br />
Etrange contée où l'émollience est telle qu'on peut dormir 11 heures d'affilée ! Au réveil ce matin, bain dans l'océan indien à quelques mètres de la maison. Trop de rouleaux hélas, et j'ai avalé un quart de litre d'eau salée, plus que tiède évidemment ! Au retour, sous prétexte de nous doucher ensemble dans la cour, séance photos un brin… ! où l'implacable soleil rima avec le plus simple appareil !

Il ne faut pas pour autant abandonner la littératrure et j'avais fort envie, après ces polissonneries, de retrouver un de mes poèmes préférés. Dieu merci, ma clé USB, véritable bibliothèque portative, me permet de retrouver illico le texte sublime que j'avais recueilli dans une petite anthologie poétique rassemblée pour l'un de mes fils. Au passage, j'en profiterai pour lui (te) faire un cours sur les oxymores, de plus en plus présents dans les titres de Libé et de moins en moins poétiques hélas. Ça devient un truc, une facilité. Mais on ne jette pas de perles aux pourceaux. Comme, durant les grandes vacances il est requis de faire un peu de devoirs, je mets donc en ligne cette leçon qui sera immédiatement suivie de l'éblouissant poème.


Leçon 1 (devoirs de vacances été 2010)
A propos de Soleil noir… et donc de l'oxymore.

Le terme oxymore (ou oxymoron) vient du grec « oxumoros » (de « oxus », aigu et « moros », émoussé) et qu'il désigne une figure de style où deux mots désignant « des réalités contradictoires ou fortement contrastées sont étroitement liés par la syntaxe. » Exemple : « un merveilleux malheur ».
On parle parfois d'antilogie, mais ce terme renvoie surtout à quelque chose d'illogique. Dans ce cas, on pousse tellement loin l'antithèse qu'on se retrouve dans une situation absurde.Le grammairien français Pierre Fontanier, qui avait consacré sa vie à étudier les tropes, parle lui de paradoxisme. Il est dans le vrai car c'est pour le moins un paradoxe d'accoler ensemble des termes contradictoires.
Certains oxymores servent à désigner des réalités qui ne possèdent pas encore de nom, comme par exemple « aigre-doux » (pour les amateurs de cuisine chinoise) ou « clair-obscur » (pour les amateurs de la peinture de Rembrandt).Généralement, cependant, les écrivains qui emploient l'oxymore cherchent à attirer l'attention de leur lecteur. L'encyclopédie en ligne Wikipédia (dont il faut certes se méfier mais qui est parfois bien utile) nous propose quelques exemples :

- Les azurs verts (Rimbaud)
- Les splendeurs invisibles (id.)
- La clarté sombre des réverbères (Baudelaire)
- Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)
- Un jeune vieillard (Molière)
- Hâtez-vous lentement (Boileau)
- Un affreux soleil noir d'où rayonne la nuit (Hugo)

Et maintenant,basta la leçon, dégustons la merveille de Baudelaire :


L'invitation au voyage

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!

Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.