Lundi après-midi, en arrivant à Roissy et en voyant le nombre impressionnant de voyageurs qui se pressaient à la porte 81, je me suis dit : la foule des grands jours, que se passe-t-il ? C'est la période des vacances mais tout de même… En regardant à travers le vitrage, j'ai tout de suite compris : le monstrueux A 38O était prêt à engloutir sa cargaison de bipèdes !




Embarquement sans problèmes à l'heure dite (15h OO) pour un décollage prévu une demi-heure plus tard. A l'intérieur, lorsqu'on aperçoit l'enfilade des compartiments, on mesure davantage l'envergure de l'oiseau blanc allongeant son fuselage sous l'emblème conquérante d'Emirates. Tout est nikel, davantage de place même en économique, plus de confort, des écrans rutilants, une armée d'hôtesses en beige rosé avec leur aérienne voilette blanche, toutes plus souriantes et plus accueillantes les unes que les autres (mais nul stewart craquant à me mettre sous les yeux, rien n'est parfait). Démarrage à l'heure dite (15h 4O)… et freinage en bout de piste. Le commandant nous prévient qu'il y a un petit, un tout petit problème d'ordinateur, « la rançons du progrès ». En d'autres termes, plus c'est sophistiqué, plus c'est fragile. Demi-tour. On nous annonce qu'il va nous falloir prendre notre mal en patience, le temps de détecter la panne, de remplacer peut-être la pièce défectueuse. Les 500 voyageurs et quelques sont débarqués. Retour dans le hall. Il n'y fait pas froid. Les bébés hurlent, les mamans sont exemplaires de patience et de savoir-faire. Bellin philosophe en regardant s'agiter cette faune sympathique tout en dégustant des Nouvelles de Maupassant. Le temps ne s'écoule jamais en vain : vivre, c'est supporter ou déguster des instants qui meurent. Donc, sans arrêt, ces fulgurants instants font place nette à d'autres instants plus favorables. Car la question que chacun se pose : ce super-jumbo ridiculement cloué au sol finira-t-il pas décoller ? " Dans une demi-heure, on vous tiendra informé… dans un quart d'heure, vous aurez de plus amples informations… » Pour finir, le décollage aura lieu à 21h 00, soit plus de 5 heures de retard.
Et tant pis pour les nombreux voyageurs qui rateront leur correspondance à Dubaï !
Demain, à Roissy, on annonce une grève des aiguilleurs du ciel. Il y a quelques semaines, c'était un volcan qui dictait sa loi. Finalement, les voyages modernes, ne sont pas toujours mieux garantis que les diligences malmenées par les ornières, les détrousseurs ou les cochers brutaux. Mais une fois admis les aléas de la technique, quel confort, quelle rapidité aujourd'hui ! A plus de 6000 kilomètres de l'Ile-de-France, sur les rives de l'océan indien, tandis que le ronronnement de la clim peu à peu m'endort alors que je guette le retour de l'Ami, je peux écrire ce billet et l'expédier sur la Toile toius azimuts. La suite demain, pour d'autres croquis, peut-être… si le farniente ou la sieste (crapuleuse) me laissent un peu de répit !