Depuis peu, j'ai adhéré à l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité).

En fait, j'aurais dû cotiser depuis longtemps mais, comme souvent, il manqua le déclic, la rencontre de la bonne personne au bon moment. Ce fut Jacqueline S., déléguée de l'Hérault, qui, après avoir réagi à l'une de mes chroniques du Monde, s'intéressa à mon livre Le Messager (2002) et le dévora. Par anticipation, je m'y étais mis en scène (toujours l'écriture schizophrène !) décrivant par avance le vieux con cynique que je risquais de devenir si je n'y prenais pas garde, anticipant surtout ma “ belle mort ” dont je rêve toujours.

Concernant l'euthanasie et notre Association, si je me sens néophyte fervent, je n'ai pas encore bien assimilé – outre le sigle un brin sibyllin – ce concept de dignité. Ce qui est paradoxal, c'est que les tenants de l'euthanasie se réfèrent à ce concept tout autant que ses détracteurs ! Pourquoi ne pas revendiquer plutôt le droit de mourir dans la liberté ou la responsabilité ? (ADML ou ADMR). Car je suis frappé par un argument défendu par Ruwen Ogien (La vie, la mort, l'Etat, Grasset, 2009) qui explique bien, dans son 3ème chapitre, que la notion de dignité humaine est inutile et dangereuse. Il reprend d'ailleurs son argumentation dans le n°38 de la Revue Socialiste (La Morale en questions) : « Est-il contraire à la dignité humaine de demander une rémunération en échange de la mise à disposition d'autrui de son image ou de ses découvertes scientifiques ? Pourquoi serait-il contraire à la dignité humaine de vendre ses capacités à donner du plaisir sexuel ou à porter un enfant d'une autre et non de vendre ses capacités athlétiques, sa patience, son habileté, ses connaissances ou son intelligence ? » Et le philosophe de pointer le conservatisme : « L'appel à la dignité de la personne humaine sert surtout à justifier l'exclusion de certaines innovations normatives dans les affaires sexuelles ou familiales. »



Bref, sortons la morale kantienne de nos têtes, débusquons l'acharnement herméneutique, abandonnons toute victimologie exubérante pour nous en tenir à l'essentiel : non-nuisance à autrui et liberté par rapport à soi-même.