Aujourd'hui sort un film consacré à la jeune religieuse-chanteuse, interprété par la lumineuse Cécile de France. Quoi qu'en dise le journal Le Monde d'un ignoble trait de plume (« Un destin essentiellement médiocre et déprimant », édition du mercredi 29 avril page 21), le parcours de Jeanne-Paule Deckers fut vrai, poignant et courageux. Bien sûr, comme pour moi, sa vocation fut une erreur d'aiguillage (amour de la musique et du théâtre, rêve de partir en Afrique comme missionnaire pour convertir les petits sauvages), mais elle sut ensuite s'assumer, défier l'autorité religieuse et la routine mortifère (sa chanson « Les Con-conservateurs » !) et rester forte dans les épreuves. Quant à son couvent, il lui fit payer chèrement son péché de jeunesse non sans rafler la mise comme il se doit (Sœur Sourire avait imprudemment abandonné ses droits d'auteur à l'ordre des Dominicaines !), idem pour l'édition phonographique Philips qui s'engraissa du succès planétaire de son premier tube. Abandonnée de Dieu et de tous, prisonnière d'elle-même, n'acceptant ni critiques ni conseils, sans un sou, détruite par l'alcool - cet ami qui vous veut du mal - il ne resta plus à cette idéaliste naïve qu'à crever volontairement avec sa compagne, en 1985, à l'âge de 51 ans.

Le plus bel hommage à lui rendre aujourd'hui, c'est d'écouter sa voix dans deux de ses chansons inusables : évidement « Dominique », tube planétaire en 1963 et, moins connue, « la Pilule d'or » (1967), impertinent hommage à la contraception. Ces enregistrements figurent évidemment sur ce site : suivre mon dossier « bibliographie », puis « Impotens deus », puis Eléments multimédia, 12 chansons, les deux dernières plages. (Les autres chansons sont pas mal non plus tant elles décoiffent !!)

Merci d'honorer aujourd'hui en Sœur Sourire une belle candeur abîmée et un(e) autre grand(e) enfant rebelle !