Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Pourchasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous le braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.


Jacques Prévert
(Extrait de Paroles, éditions Gallimard)


À PARTIR DU SAMEDI 10 JANVIER 2009
ET POUR 8 WEEK-END SUCCESSIFS
- INÉDIT SUR LA TOILE -
UN SEXERCICE DE STYLE BELLINESQUE
SOUS FORME DE FEUILLETON POLISSON
JOUISSIF ET INTERACTIF
EN HUIT ÉPISODES

LES ORAISONS JACULATOIRES
(Fantasia para la siesta)


Un texte à ne pas prendre trop au sérieuxécrit juste pour résister au conformisme et au pessimisme ambiants.
Qu'on se le dise !

Incipit : « Je veux chanter la volupté. Non la jouissance grégaire, mais la volupté solitaire. Ce que la morale réprouve : la manœuvre décongestive. Le vigoureux massage. Le péché d'inertie. Ni les tasses à l'ancienne ni les baisodromes new-look, juste le bon vieux plaisir solipsiste. Vertige de Narcisse. Le tout-à-l'ego. Rien que pour moi-même. Oui, je dis bien, moi-m'aime, n'en déplaise aux grincheux et aux censeurs altruistes.Malgré tout, j'écris aussi pour autrui, comme tous les auteurs. Pas folle la guêpe, il faut bien survivre (8% sur les ventes, ce n'est ni indigne ni négligeable, sauf qu'ici c'est gratuit, le con !). Evidemment, l'écrivain maudit – qui se proclame tel – n'écrit que pour lui-même, dans son fol orgueil, face à face avec sa Muse lyrique et tyrannique. C'est abscons donc génial. Moi non, je suis avant tout altruiste. Ma prose est narcissique mais avant tout philanthropique. Je suis un réaliste et un miraculé, écrivain fauché et pourtant béni des dieux car j'ai un auditoire en or, or et fuchsia, moiré gayment de toutes les nuances de l'arc-en-ciel : j'écris pour les garçons. Pour les garçons exclusivement. Tous les garçons. Les homos, les purs et durs, les athlètes du désir, tous mes chers congénères : les Steve, Rachid, Gilles, Helmut, Pierre, Boubakar, Vincent, Scott, Siegfried, Lorenzo... j'en passe et des meilleurs dont le sieur O***, mon pied millésimé ! Je tais ici même son prénom car, dans le pays où il bosse, on ne lésine pas sur la Charia : si tu laisses traîner à l'air tes breloques, illico les sbires du calife te les massicotent, الله أَكْبَر ! (Précision : j'écris aussi pour quelques donzelles, dont la belle Silvia qui à mon style s'émotionne et tendrement s'humidifie). Les mecs que j'ai connus, ceux que je côtoie et plus encore les ragazzi inaccessibles dont je rêve jour et nuit. En fait, je n'écris que pour un garçon. Un seul. Je n'écris que pour toi : mon lecteur, mon frère, mon bel alter ego, mon fidèle internaute. Toi qui sur ton écran vas lorgner cet opus, peut-être à l'aveuglette ou en connaisseur puisque tu m'es fidèle depuis deux ou trois titres. C'est toi que je veux séduire et circonvenir. Toi seul dont j'entends bien débaucher ici le corps et l'âme .Dis, le voudras-tu ? »


Extrait des Oraisons jaculatoires©
manuscrit original de Michel Bellin
mis en ligne sur son Blog du 10 janvier au 28 février 2009.
Reproduction licite et encouragée par l'auteur
(sous réserve de citer ses sources :
nom de l'auteur et adresse de son site.).