DÉLICE EN CHAUD-FROID
Par Michel Bellin le lundi 1 décembre 2008, 09:25 - Lien permanent
Hier à Garches, j'ai concocté pour la charmante Pome un dessert de mon cru qui fait toujours son petit effet et dont je ne suis pas peu fier. Le meilleur test de satisfaction : la jouvencelle n'apprécie pas les desserts en général ni les sucreries en particulier ; elle préfère dévorer à jeun et à belles dents une énorme côte de bœuf rôtie ! Néanmoins, Pome a un faible pour la spécialité bellinesque en question. « Dis, Michel, et si pour midi tu nous faisais ta crêpe au four ? » Aussitôt suggéré, aussitôt mijoté.
Le principe de ce dessert simplissime (interdit aux maître-queux de plus de 8 ans) est d'associer le chaud et le froid. Tout comme j'aime adjoindre le sucré au salé, la vanille au tabac etc. En fait, c'est un postulat philosophique : le contraste épicurien (cf. mon blog de samedi dernier), contraste qui culmine dans cet aphorisme hédoniste : « comme la bière a goût de bière, le bonheur a bon goût d'amer. »
Trêve de philosophie, pour en revenir à mon dessert de prédilection, il faut d'emblée noter qu'il accumule tous les atouts : c'est une surprise gastronomique, économique, hyper pratique, fantastique voire ithyphallique (avec le côté exhib et un brin nostalgique attaché à la délicieuse « petite mort »). Ah ! ah ! je vois qu'on dresse… l'oreille ! Oh ! oui, mon souriceau, dresse tes menues esgourdes, tends-moi ton lobe velouté afin que je le gobe, agace gentiment mes papilles voraces et… non, ne me tends rien, amigo, ni tes oreilles ni le reste, tu vas me troubler dans ma démonstration. Retour donc à la recette du jour. Et si tu veux bien, cher(e) internaute, tu testes le week-end prochain la crêpe de Bellinus et tu nous en donnes ici des nouvelles et peut-être tes propres astuces. Chiche ?
Le principe de ce dessert simplissime (interdit aux maître-queux de plus de 8 ans) est d'associer le chaud et le froid. Tout comme j'aime adjoindre le sucré au salé, la vanille au tabac etc. En fait, c'est un postulat philosophique : le contraste épicurien (cf. mon blog de samedi dernier), contraste qui culmine dans cet aphorisme hédoniste : « comme la bière a goût de bière, le bonheur a bon goût d'amer. »
Trêve de philosophie, pour en revenir à mon dessert de prédilection, il faut d'emblée noter qu'il accumule tous les atouts : c'est une surprise gastronomique, économique, hyper pratique, fantastique voire ithyphallique (avec le côté exhib et un brin nostalgique attaché à la délicieuse « petite mort »). Ah ! ah ! je vois qu'on dresse… l'oreille ! Oh ! oui, mon souriceau, dresse tes menues esgourdes, tends-moi ton lobe velouté afin que je le gobe, agace gentiment mes papilles voraces et… non, ne me tends rien, amigo, ni tes oreilles ni le reste, tu vas me troubler dans ma démonstration. Retour donc à la recette du jour. Et si tu veux bien, cher(e) internaute, tu testes le week-end prochain la crêpe de Bellinus et tu nous en donnes ici des nouvelles et peut-être tes propres astuces. Chiche ?
Recette pour 2 personnes très gourmandes (ou 4 plus raisonnables). Pour la partie froide, rien de plus facile : tu achètes chez le marchand 1 litre de glace à la vanille ou une boîte de crème à la vanille (genre crème Mt Blanc). Au moment de servir, après avoir sorti la glace du réfrigérateur un peu à l'avance, tu disposeras sur l'assiette une part généreuse de glace ou bien tu réserves une part de crème onctueuse. Hier au déjeuner, pour corser les choses, j'avais au préalable fait dorer à la poêle, avec un soupçon de beurre, quelques tranches fines d'une demi-pomme pelée. Pour le moment, fastoche, non ?
Pour la partie qui sera chaude (donc cuite), je prépare une pâte à crêpe classique composée de 2 œufs, d'1 verre de farine, d'un demi-verre de lait, d'un demi-verre d'eau, d'une pincée de sel, de deux cuillérées à soupe de sucre en poudre et d'un parfum au choix (je préfère la fleur d'oranger au rhum). Laisser la pâte à température ambiante une vingtaine de minutes. (À l'intérieur de notre squat de luxe à Garches – rien à voir avec la jungle de Calais, la honte de notre République - il faisait hier 9° au salon ; j'ai donc mis le récipient près du radiateur électrique). Préchauffer le four (pas de micro-onde !). Verser la préparation dans un moule à tartes soigneusement lubrifié… pardon, beurré. Enfourner et laisser cuire 20 minutes. Et là, quand tu ouvres le four, c'est le miracle annoncé, la Résurrection et l'Ascension réunies : la crêpe a enflé, doublé, triplé de volume, d'énormes boursouflures dorées, bizarrement irrégulières, un colossal champignon gros comme un ballon de foot. Avant de servir, il est de bon ton voire impératif de faire apprécier le prodige aux convives - aussi incrédules d'ailleurs que les apôtres enfermés dans le cénacle - car, hélas, aussitôt extraite de l'orifice béant et brûlant (je parle du four), aussitôt dis-je la mirifique crêpe jusqu'alors boursoufflée retombe assez piteusement, triste et flapie, tandis que sa belle peau jusqu'alors distendue se fripe et pâlit dans un reste de fumet. Ne surtout pas céder à la nostalgie car la jouissance est au prix de la détumescence. Arroser simplement l'appareil d'une ondée de sucre. Puis faire 2 parts – ou 4 parts selon le nombre de convives. Dans l'assiette, déposer une part brûlante de crêpe à côté d'une portion de glace. Ou bien tartiner le morceau de pâte fumante de crème vanillée en disposant par dessus les tranchettes de pommes préalablement cuites, dorées à souhait et encore tièdes.
Bon appétit !