Dans des régions où l'hospitalité est à la fois une nécessité vitale, un devoir moral et une coutume traditionnelle, Lot, un étranger qui s'est installé à Sodome après s'être séparé de son oncle Abraham, est le seul de toute la ville à accueillir les deux voyageurs divins. Les Sodomites sont donc inhospitaliers. Mais leur homosexualité n'est pas évidente. Parmi les assaillants de la maison de Lot, il y a des femmes (ce qu'indique le choix du mot hébreu) ; Lot propose aux hommes ses filles, fiancées à des Sodomites…

La Bible condamne l'homosexualité, mais quand les péchés de Sodome sont évoqués, notamment par les prophètes, il ne s'agit jamais d'homosexualité. C'est un apocryphe juif de 50 avant J.-C. qui, pour la première fois, identifie les Sodomites aux homosexuels (ce qui s'explique par les contacts plus nombreux avec le monde grec où cette pratique était fréquente et socialement reconnue).

Aujourd'hui, aux yeux des spécialistes, le péché de Sodome est le manque d'hospitalité. Interprétation confirmée par un autre récit biblique (Juges 19, 1-30) et par la place de l'épisode dans la Genèse, juste après le récit de l'hospitalité d'Abraham accueillant sous sa tente trois étrangers (Genèse 18, 1-5). Enfin, Jésus compare à Sodome les villes qui refusent l'hospitalité à ses disciples (Matthieu 10, 11-15).

Relecture salutaire d'un texte que l'on croyait connaître. Leçon et avertissement pour nos sociétés si peu hospitalières, qui refoulent et excluent ceux qui sont, d'une manière ou d'une autre, des étrangers.


Claire LAVANT
In Parvis n°39, septembre 2008
d'après un article d'Ariel Alvarez Valdès,
professeur d'écriture sainte et de théologie
(Revue CHOISIR, n°580, avril 2008)