CABALLITOS

!Oh que pena de caballos!
atravesados
por lanzas de caballeros
malos.

Venis a la tierra huyendo
De un cuento al reves, De un campo,
Lleno de viejos dragones
Vencedores de los santos

De misioneros del sueño
a los campos del diablo.
El Señor os envió.
(Dios es un general malo)

Y a la vuelta de la sombra
El hombre os ha encadenado
En una rueda que gira
Por las noches de verano

Don Quijote cuando niño
Os calbalgo suspirando
Por Dulcinea que iba
como ahora, por los astros

!Pobres pegasos heridos!
cuando niño, yo he soñado
Un amor de luna muerta
Sobre vuestros lomos blancos

!Oh que pena de caballos
atraversados
por lanzas de caballeros
malos.


CHEVAUX DE BOIS

Oh la peine des chevaux
transpercés
par les lances mauvaises
des cavaliers !

Vous voilà sur terre, échappés
d'une fable à l'envers, d'un champ
peuplé de vieux dragons
vainqueurs des saints.

Missionnaires du songe,
le Seigneur vous a voués
aux champs du diable
(Dieu est un général mauvis.)

Et l'homme au retour de l'ombre
est venu vous enchaîner
à cette roue qui tourne
à travers la nuit de l'été.

Encore enfant, don Quichotte
vous enfourcha, soupirant
pour Dulcinée qui va toujours
Comme jadis, parmi les astres.

Pauvres pégases meurtris !
Petit enfant, j'ai rêvé
un amour de lune morte
sur vos échines blanches.

Oh la peine des chevaux
transpercés
par les lances mauvaises
des cavaliers !

Federico Garcia Lorca, FERIAS, Poèmes inédits.
Traduction de Claude Esteban.

ARTE Editions/Editions du Félin, 1998.

Bilingue, cette magnifique édition propose le fac-similé du manuscrit où apparaissent ratures et hésitations. Elle s'accompagne de dessins au trait de l'auteur.