Cet été plein de fleurs

Journal romanesque
(Août 1919 – Août 1920)

Pour nos mères et nos sœurs

Samedi 30 août 1919

Dès le réveil, ma fringale de lecture m'a repris. En guise de pré-déjeuner, je me suis jeté voracement sur plusieurs fascicules de « La divine chanson », mais mon appétit faiblit assez vite. Malgré le talent descriptif de Myriam Harry, la sentimentalité exagérée de ces pages jointe à une peinture plutôt complaisante de la sensualité m'a étrangement refroidi. Tous ces pseudos héros pour qui le désir et les caresses osées sont la seule religion qui existe ! J'en ai même été un peu écœuré… Je n'ai pas repris ce roman du reste de la journée mais j'en ai tiré une leçon : ne pas abdiquer sa propre personnalité devant l'amour. En aucune façon. C'est le seul moyen de se faire aimer par un être qui vous comprenne et se montre digne de votre attachement.

Le vent du sud a continué de souffler toute la matinée. La température devenait intenable. Tout faisait pressentir un orage que chacun appelait comme une délivrance. Avant midi, je suis monté aux Tilleuls pour voir ce que le temps nous promettait. Le ciel était noir d'encre ; des éclairs flambaient à tous les points de l'horizon, accompagnés de grondements lointains. Mais tout cela glissait, poussé par le vent du sud. Nous serions épargnés.

Je n'ai guère eu le temps de m'ennuyer aujourd'hui car j'avais mes préparatifs à faire pour Bonlieu. Tout de suite après le déjeuner, j'ai consenti à jouer avec deux de mes sœurs. Mère m'avait reproché d'être distant, toujours perdu dans mes songes, et les petites s'étaient, paraît-il, plaintes. Nous jouâmes donc à « la chasse au rat » dans le parc et elles furent ravies. Quel épatant grand frère je fais ! Je suis ensuite parti à Lons-le-Saunier. Le vent avait faibli et il faisait bon sur la route. Chic ! Je vais pouvoir décamper à bicyclette lundi matin ! J'ai fait diverses courses en ville, quelques bricoles se rapportant à mon séjour. En fait, le chalet des Delaborde est très confortable et ils emmènent leur domesticité pour l'été. Mais il me faut toujours mes trésors personnels, ficelle, canif, réserve de cigarettes et un nouveau bloc de papier à lettres. J'ai en vain cherché de jolies cartes postales de guerre, mais il n'y en avait pas une seule dans toute la ville ! Une rencontre inattendue : le fils Trécourt avec qui j'ai bavardé longuement. Recalé à son bac de 1ère A pour la troisième fois, il renonce à la chose et entre à l'école de commerce de Lyon, où il se la coulera douce… Voilà un type qui a trouvé le filon, sa propre voie, loin de toute exaltation sublime : c'est un sage. Moi, je suis un fou. Je le lui ai avoué, parlant de ma vocation de marin, et il a bien ri ! Oui, mais ma folie me plaît et c'est pourquoi je resterai un fou (raisonnement de tous les fous !). Par contre, ce qu'Ernest m'a dit de la chasse m'a découragé par avance : tout est d'un prix exorbitant, fusil, cartouches, poudre et même les plombs ! Je ne sais comment je vais amadouer Mère qui ne supporte pas ma passion.

Il était près de sept heures lorsque je fus de retour à Montclairgeau. Un nombre inusité d'automobilistes roulait sur la route de Lons. Et avec quelle anarchie ! J'ai failli être écrasé par un tacot à l'aller et envoyé au fossé par un camion au retour ! Décidément, de nos jours, les vélos ne semblent plus être les rois de l'asphalte. J'ai d'ailleurs noté que beaucoup de ces automobilistes ont des allures de « bourgeois-touristes » comme je les appelle. Ce sont eux qui envahissent notre campagne et exportent les modes qui leur conviennent, et dont ils ne séparent pas volontiers, pas plus de leur caniche ou de leur bonne. Il paraît même que le polo revient à la mode. Il fait déjà rage chez les Klotz qui font partie, qu'on le veuille ou non, des automobilistes sus-nommés. A Montclairgeau, ce n'est pas demain la veille que nous aurons un véhicule, même si Bon Papa y songe de temps en temps. Il aimerait faire ce cadeau à Mère car Cécile, paraît-il, s'y connaît en conduite, bien plus qu'au tennis ! L'autre jour, tandis que nous savourions tous deux notre thé au rhum (Bon Papa ne sort son flacon que lorsque les deux hommes de la maison sont seuls au château), nous avons parlé marques et mécanique. Je penche évidemment pour Ford mais grand-père, en bon patriote, ne jure que par Citroën. Quoi qu'il en soit, je doute que ce grand projet se réalise, le ciel financier étant de plus en plus menaçant au-dessus de Montclairgeau.

Ce n'est que tard, vers 10 heures du soir, que l'orage s'est décidé à crever sur nous. Trop occupé à lire, c'est à peine si je prêtais attention à une série d'éclairs suivis de rares coups de tonnerre. D'ailleurs l'orage, un vulgaire orage de chaleur, fut bref et la pluie insignifiante. Par contre, au beau milieu de la nuit, à une heure indéterminée, la digue des nuages s'est enfin violemment rompue et des trombes d'eau vinrent imprégner enfin les terres altérées. Quelle mitraille sur le toit ! Tant mieux pour le jardin mais j'espère que le beau temps sera au rendez-vous demain car mon expédition à Bonlieu se précise.

Dimanche 31 août 1919

Il faisait frisquet ce matin. J'ai même dû fermer ma fenêtre au réveil. Décidément, que je le veuille ou non, l'été se meurt et les signes avant-coureurs sont bien cruels.

J'ai enfin terminé La divine chanson dont l'amour vide, exagérément sentimental et inapaisé par la volupté avait commencé par me troubler puis, par réaction, – chose curieuse mais habituelle chez moi, en pareil, cas – par me faire pencher à nouveau vers la religion si négligée depuis mon échec scolaire à Paris. Cependant, la grand-messe de l'Etoile n'était guère faire pour me conforter dans cette résolution. Heureusement, le curé ne fut pas trop prolixe.

A la sortie de l'église, j'ai retrouvé la galerie habituelle : les Klotz, Monsieur en tête, suivi de Madame et des filles. Guise, fermait la marche, l'air maussade. Parmi les paroissiennes confites, l'ineffable Madame de S***, veuve encore clinquante et d'autant plus incline à rajeunir qu'elle est plus atteinte par l'outrage des ans. Je ne pus aussi que remarquer Mademoiselle de Larmina, la « jolie poupée » de l'autre jour, vraiment jolie de physionomie et svelte, quoique un peu replète à mon goût.

Le ciel était couvert et à peine étions-nous rentrés au château que la pluie s'est mise à tomber, fine et drue. J'avais remarqué en passant sur la route le premier colchique de l'année. A mon grand désespoir, j'ai aussi constaté que le baromètre baissait, ce qui est de mauvaise augure pour mon long trajet de demain.

Après le pousse-café expédié, ce que j'apprécie modestement car c'est le genre de prolongation qui me sied, nous nous sommes attardés, Mère et moi, à la bibliothèque. Que pouvions-nous dénicher d'inédit en prévision d'une après-midi pluvieuse ? Mère a fini par s'échouer dans les Mémoires d'une princesse de Prusse du temps de Frédéric II (der grosse !) tandis que je végétais dans des Assiettes au Beurre fort indigestes, violemment anticléricales et, pour tout dire, immorales. Qui a pu introduire chez nous d'aussi ineptes opuscules ? Peut-être « qui vous savez », lui qui s'est toujours piqué d'indépendance d'esprit ! Nous en avons payé la note, pauvre famille délaissée… Heureusement, les Contes drolatiques de Balzac sont venus me tirer d'embarras. Pendant ce temps, il est tombé d'effroyables cataractes. Bon Papa somnolait, affaissé dans son voltaire, tandis que les petites étaient sagement penchées sur un immense puzzle représentant la façade de Versailles. Bref, les heures ont passé, calmes, banales, inexorables.

Ce n'est qu'à sept heures que je m'aperçus soudain de la fuite prodigieuse du temps. Avec quel effroi ! Je n'avais encore rien préparé pour Bonlieu, à part mes courses de la veille. Je pris néanmoins le temps de monter aux Tilleuls pour voir comment le temps allait tourner et pour saluer le couchant, geste négligé depuis deux jours. J'ai pu constater que les menaces contenues à l'horizon sont bien réelles : je ne partirai donc pas demain matin aux aurores, comme je l'avais initialement décidé, mais plutôt le soir, pour être sûr du temps.

Lundi 1er septembre 1919. Départ pour le Prieuré

Ce n'est que mardi matin que j'ai pu tenir à jour la présente chronique, tant mon voyage a été mouvementé et exténuant. Je commence donc par le commencement : hier matin, lundi, il ne pleuvait plus, dieu merci. Mais le ciel restait couvert, avec un plafond bas, un vrai temps d'octobre. Le baromètre pourtant avait remonté, se trouvant presque au repère « beau temps », ce qui était de bon augure pour mon départ.

J'ai finalement regretté de ne pas partir à Bonlieu dès le matin. Mais mes affaires n'étaient pas prêtes. J'ai donc décidé de manière ferme et définitive que je ne décollerais que le soir, pensant arriver au Prieuré vers les sept heures. C'est ce programme que je suis allé télégraphier peu avant midi. J'ai passé le reste de la journée à empaqueter mes affaires dans une ancienne musette. J'avais installé sur ma bicyclette le porte-bagages de Cécile et tout fut solidement arrimé, mon waterproof par-dessus. L'ensemble des impedimenta était si volumineux que, lorsque je fis mes essais, j'étais obligé pour sauter en selle de m'allonger sur le guidon !

Je ne fus définitivement prêt que vers quatre heures. Toute la famille s'était donnée rendez-vous devant la grille du parc et je partis allègrement sous les vivats pour attaquer bravement mes cinquante kilomètres de grimpette à travers les deux plateaux du Jura. Dans l'intervalle, le ciel s'était tout à fait découvert et le soleil donnait, aussi chaud qu'avant la pluie. Aussi, durant la première partie du voyage, me trouvé-je vite en nage car je portais des culottes de velours. Dès la montée sur Planoiseau, la beauté du lieu ne se fait pas attendre, avec Montain, son clocher blanc et le fier château du Pin. Je n'avais pas revu ce panorama depuis la Pentecôte 1918. Comme souvent lorsqu'on circule à vélo, les péripéties ne manquent pas. Premier incident : je démolis mon frein arrière et parvins à le réparer vaille que vaille.

Pannessière est une étape importante que j'atteins peu avant cinq heures, après une montée faite en partie à pied. Ensuite, il me faut continuer de grimper, toujours aussi durement, la plupart du temps pied à terre à cause du poids de mon paquetage (quelle folie d'avoir emporté autant de bouquins !). Dans la belle forêt de Perrigny, je reconnais au passage le « Pavillon de l'Ecureuil » que j'avais exploré lors de mon odyssée du 18 septembre 1917, à l'époque bénie où, le cœur serré d'émotion, je courais rejoindre Lily à Champagnole. Temps à jamais révolu !

Au débouché de la forêt, on descend sur un long plateau sauvage avec au loin l'Heutte et les étagements bleu-noir du Jura. Au-dessus des dernières crêtes, un œil exercé peut même, par temps clair, apercevoir le sommet immaculé du Mont-Blanc. Au lieu de continuer sur Crançot, j'oblique sur Vevy. La route sinue à travers des pâturages bordés de murets en pierres plates ou en lave, puis à travers bois. Toujours une montée assez raide et quand on croit que c'est fini, c'est le farouche escarpement de l'Heutte, plus raide encore. Bientôt, entre deux pans de roches que j'appelle par dérision les Thermopyles, une déchirure de bleu : enfin le sommet ! Ouf ! Je prends le temps d'admirer en contrebas la large vallée de l'Ain. En face s'élève par étages successifs le second plateau, fort sévère, avec sur ses flancs des sapinières et, au sommet, de larges dénuements de calcaire. Dire que c'est là qu'il va me falloir grimper… j'en ai le frisson ! Mais pour l'instant, me voilà lancé dans une descente vertigineuse. Pourvu que mon frein tienne au cas où… Je déboule sans encombres à Châtillon. Ma montre marque alors 6 heures. C'est bien, je suis dans les temps. Après avoir laissé passer l'omnibus reliant Lons à Champagnole, je m'élance vers Doussier. La côte tant redoutée défile sous mes pneus, à travers les alluvionnements du bas Hérisson et les moraines du lac de Chalain. Au-delà de Doucier (où j'arrive vers 6heures 30), ces noires sapinées constituent le plateau où culmine Bonlieu. Diable que c'est haut ! Longeant des rochers nus et érodés, véritables murailles de forteresse, j'hésite soudain à une bifurcation. A gauche ou tout droit ? La signalisation est absente, suite peut-être à un éboulement. Sur la foi de ma bonne carte Taride, j'opte pour la route du Val en face. A son extrémité, j'aurais logiquement une côte très raide que je préfère à une interminable montée que je devrai faire de toutes façons à pied. Je m'élance donc, confiant, au-dessous des roches fortifiées, dans l'ombre rafraîchissante du Val du Hérisson. Deux lacs m'accueillent, d'abord le lac de Chambly aux belles eaux émeraude, puis le lac du Val dans lequel se mirent les sapins d'en face. Quelle fraîcheur réconfortante ! Quel havre ! Le soleil disparaissant derrière la crête du plateau fait miroiter d'une dernière lueur le plus grand des lacs clapotant dans le silence du soir. Je m'étonne toutefois de faire tant de chemin sans arriver à Ménetrux. Nom d'un macaroni ! J'ai dû dépasser l'embranchement sans même m'en apercevoir ! Me voilà donc contraint de refaire deux kilomètres pour rejoindre le hameau de Chambly niché entre les lacs. Arrivé là, je suis fort perplexe et ne sais comment rejoindre le plateau. Un autochtone, sans doute plus habitué à ses troupeaux qu'à un moderne vélo, m'indique un chemin qui s'avère n'être qu'un infect raidillon. En fait, c'est l'ancien lit d'un torrent, hérissé de surcroît de pierres coupantes. Maudit soit Taride et Cie !

Je me lance dans le funeste raccourci, pestant, soufflant, ahanant, poussant tant bien que mal ma monture bringuebalante. Les cailloux ne sont évidemment pas scellés et mes pneus butent et glissent à leur contact, risquant à tout moment d'éclater, alors que je peine à garder l'équilibre, arc-bouté sur le guidon. Quel interminable supplice ! Cette véritable escalade dure plus d'une demi-heure. Je crus ne jamais parvenir à rejoindre la route et, à certain moment plus périlleux que d'autres (le dénivellement pouvant atteindre jusqu'à 80% !), je faillis périr d'épuisement et de détresse. C'est en criant Deo Gratias du fond du cœur que j'atteignis enfin la grand route et un instant plus tard j'étais à Menétrux. Hélas ! il était déjà sept heures et demi. Je n'en pouvais plus et la route continuait de grimper. Déjà le crépuscule tombait. Or, là-haut, juste en face, à une distance dérisoire à vol d'oiseau, mais séparée de moi par le gouffre du Hérisson qui dégringole en précipices et en cascades, se dressait enfin la Terre Promise : Bonlieu. Si proche, si inaccessible. Pour y parvenir, une seule solution : contourner le val jusqu'à Ilay, durant plusieurs kilomètres, puis longer de nouveau le précipice, mais en sens inverse. J'étais vraiment épuisé et angoissé par mon retard. Aussi n'étais-je guère d'humeur à contempler ce paysage pittoresque faisant la joie des touristes du dimanche. Quand j'atteignis les premières maisons d'Ilay, il commençait à faire nuit. Une fontaine isolée m'apporta un peu de réconfort. Puis, dans les ténèbres envahissantes, je m'enfonçai solitaire dans la forêt de sapins. Il faisait presque froid mais je ne sentais ni le changement de température ni même la pente qui avait repris de plus belle. Soudain ragaillardi par l'air vif de la montagne et sans doute l'appel de l'écurie, j'allais à fond de train.

Au sortir de la forêt, je discerne au loin, niché dans les sapins, le chalet du Prieuré. Je vais atteindre enfin mon but, même si ce n'est pas sans mal : l'obscurité est si profonde que je manque de m'étaler sur un rempierrage récent. Par prudence, je continue à pied, presque à l'aveuglette. Me voici enfin à la porte : je heurte. Rien. Pas une lumière, pas un bruit. Une idée affreuse me saisit : et s'il n'y avait personne ? Si mon télégramme de la veille n'était pas parvenu à temps ? Devrais-je dormir à la belle étoile, seul, grelottant, avec une pierre comme unique oreiller à l'instar du Fils de l'Homme ? J'avais tout prévu dans mon paquetage sauf une couverture ! A ce moment là, je me serais bien passé d'une mésaventure de ce genre, don Quichotte laissant alors la place à un Sancho Pança éreinté et affamé. Désemparé, j'ai alors l'idée de longer la façade du chalet pour atteindre l'autre porte. Une lumière filtre sous l'huis. Sans doute quelque domestique resté au logis en l'absence des maîtres ? C'est une déconvenue mais mon unique chance. Résigné, sans même oser frapper par discrétion, je pousse la porte lorsque, soudain : « Oh ! C'est monsieur Siméon ! » On se bouscule, on me fait fête : toute la famille Delaborde est là, au grand complet ! Parents et enfants étaient en fait penchés sur une carte qu'était en train de commenter le Père Denizot. D'où l'attention générale et le silence alentour. (J'appris par la suite que c'était une carte du Péloponnèse que le prêtre, un professeur de St François bien connu de moi, projette de visiter avec un groupe d'étudiants). On s'étonne, on m'embrasse, on me fait asseoir. Tout confus de mon arrivée nocturne si tardive, je dus m'attabler et me restaurer avec quelques petites choses qu'on me servit. J'étais presque gêné de tant d'attention, modérant mon appétit sous les six paires d'yeux qui me fixaient avec curiosité et sympathie. Quelle joie de me retrouver au milieu d'eux, ma seconde famille ! Ils n'avaient pas reçu ma dépêche et ne m'attendaient que pour le lendemain. Je n'avais qu'une hâte : reposer dans un vrai lit mes reins courbatus. Ce qui fut fait sans tarder, la veillée hellénistique du Père ayant été écourtée et remise à plus tard.

Quel soulagement de me retrouver dans cette ravissante chambre, toute en sapin roux, que j'ai déjà occupée maintes fois ! Les Delaborde ont toujours la délicatesse de me la réserver lors de mes séjours d'été. Pierre a sa propre chambre, juste en face, tandis que Jérôme et Bernard se partagent la chambre du fond, celle qui donne sur le balcon fleuri. Quel bonheur d'être ici ! Grâces soient rendues au Ciel de m'avoir conduit à bon port en m'épargnant la chute dans le torrent desséché et un campement de fortune à la belle étoile !


A SUIVRE