342 : lois de Constance et Constant prévoyant la castration pour les homosexuels passifs. 390 : lois de Théodose et 438 : code théodosien, peine du bûcher pour cette catégorie de coupables. 535, 538 et 559 : institutions de Justinien punissant de mort tous les homosexuels sans distinction. On attribue le plus souvent cette sévérité à l'influence du christianisme. On évoque aussi la disparition progressive de la bisexualité dans le monde païen, la nouvelle règle étant l'hétérosexualité de reproduction. Des statues comme le Faune Barberini ou le Satyre dormant ne suggèrent-elles pas une autre hypothèse ? Les responsables de l'Etat, inquiets de voir l'homosexualité traditionnelle transgresser toutes les règles et dégénérer en luxure se sentirent-ils obligés de poser des limites ? D'englober dans la même interdiction la débauche et le plaisir ? De rejeter en marge de la société civile des mœurs qu'ils jugeaient incompatibles avec l'ordre public ? Par crainte de Dionysos et de ses débordements, voulurent-ils bannir Apollon lui-même ? En tout cas, c'est de la fin du monde romain que date une révolution dans l'histoire de l'homosexualité : la distinction entre rôle actif et rôle passif disparaît, remplacée par l'opposition entre hétéro et homosexualité.

Dominique Fernandez, L'AMOUR QUI OSE DIRE SON NOM, Stock, 2001

Un somptueux livre d'art en 13 chapitres et plus de 350 œuvres, de l'Antiquité grecque à la société permissive, un étonnant parcours où l'amour, déjouant tous les interdits et empruntant la voie de la beauté, a peu à peu osé dire son nom.