MA BOHÈME
Par Michel Bellin le mardi 29 janvier 2008, 07:51 - Lien permanent
J'ai pensé bêtement à Arthur en suivant jusqu'en Alaska le périple poignant et insensé du jeune Alex (« Into the wild » avec le merveilleux Emile Hirsch). Deux Poucet rêveurs ! Du coup, au retour du cinéma, je me suis replongé dans les Poésies, toujours surpris, toujours enchanté, toujours aussi ému devant tant de génie primesautier…
Ma Bohème
(Fantaisie)
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied contre mon cœur !
Arthur RIMBAUD, Poésies
(composé en 1870)