L’AUBE LE SOIR OU LA NUIT
Par Michel Bellin le mardi 25 septembre 2007, 12:03 - Lien permanent
Un livre fascinant servi par une écriture à la fois elliptique et précise. L'auteur à la fois entomologiste et spectatrice un brin resquilleuse. Un personnage principal plus pathétique qu'inquiétant. Et cette question lancinante : qu'arrive-t-il quand le Pouvoir suprême en démocratie devient le jeu – le jouet – d'une ambition individuelle ? Et qu'arrive-t-il quand le jouet n'amuse plus ou se dérègle ? Que restera-t-il ? Peut-être le devoir…
Yasmina nous aura prévenu – et son diagnostic-verdict est valable pour toutes les ambitions, pour tous les rêves, pour toutes les luttes, celles des Grands et celles des sans-grades : derrière la montagne, il y a la mémoire du temps des prodiges, la trace fuyante de l'éclat, mais il n'y a ni fumée, ni verte prairie, et il n'est même pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit.
Ultime phrase du livre.
Yasmina nous aura prévenu – et son diagnostic-verdict est valable pour toutes les ambitions, pour tous les rêves, pour toutes les luttes, celles des Grands et celles des sans-grades : derrière la montagne, il y a la mémoire du temps des prodiges, la trace fuyante de l'éclat, mais il n'y a ni fumée, ni verte prairie, et il n'est même pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit.
Ultime phrase du livre.
Il est étrange de vouloir à n'importe quel prix, au prix des plus grands renoncements, quelque chose qui n'excite plus et qu'on a cessé d'aimer. Déserté par les formes vitales, il reste le vouloir. Le vouloir comme résidu. Si puissant cependant.
Feuilletant mes cahiers – ils parlent d'un temps révolu – je tombe sur cette phrase : « On va peut-être finir par gagner quand même. » J'avais entouré les deux derniers mots.
Quand même le voici président de la République française.
Yasmina Reza, L'aube le soir ou la nuit, page 174, aux éditions Flammarion.