« J’AIME PAS LES HOMOS… »
Par Michel Bellin le samedi 18 août 2007, 05:09 - Lien permanent
La connerie ordinaire, la barbarie ordinaire, la recherche ordinaire du bouc émissaire dans des vapeurs d'alcool très ordinaires… Le plus souvent, résigné, je hausse les épaules. Montaigne ne dit-il pas : « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage. » Mais aujourd'hui basta la littérature ! Cette fois, lisant cet article en ligne, juste l'envie de hurler devant mon écran, de vomir et de taper à mon tour. Pour venger les deux victimes - mes frangins - pour massacrer leurs tortionnaires, qu'ils soient à leur tour défigurés et broyés parce qu'ils sont des salops pitoyables et des cons ordinaires. Coup de sang indigne de ma part mais bien compréhensible : j'habite à deux pas, dans ce même coin paisible d'Ile-de-France et ça aurait pu nous arriver à tous deux, à « l'homme de ma vie » et à moi-même, deux proies désignées tout à fait ordinaires.
"J'aime pas les homos par rapport à ce qu'ils font entre eux"
Dans le box des prévenus, Sofiane Latrèche, 19 ans, sans emploi, hésite. Une magistrate vient de lui demander pourquoi, avec ses amis, il a roué de coups deux homosexuels sur un parking de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) dans la nuit du 14 août. Des coups de poing, d'abord, puis des coups de pied, très nombreux : la principale victime s'est vu reconnaître trente et un jours d'interruption temporaire de travail (ITT) pour des contusions, un nez cassé, des dents brisées, des douleurs au cou, au dos, à la cuisse, aux côtes.Un long silence et Sofiane Latrèche bredouille une explication devant le tribunal de Versailles, qui jugeait, jeudi 16 août, en comparution immédiate, deux des trois agresseurs présumés : "On a pris peur... On croyait qu'ils voulaient nous toucher parce que c'est des homos."Avec ses amis - trois hommes et deux jeunes filles - il revenait, en voiture, de la Fête des Loges, à Saint-Germain-en-Laye. Sur la route du retour, le groupe décide de s'arrêter sur un parking, à l'étang du Corra, un lieu connu pour servir de point de rencontres homosexuelles. Ils aperçoivent un couple d'"homos" dans une voiture. Trois des quatre hommes s'approchent d'eux, les insultent, puis les frappent. Dans la mêlée, une des deux victimes réussit à s'enfuir et à prévenir une patrouille de police qui passe à proximité.
"Pourquoi venez-vous agresser ces deux personnes ?", demande la présidente, Sophie Potocki.
- On était un peu remontés. Il y avait eu des petites disputes entre nous... Donc, dès qu'on a vu les homos, ça nous a chauffés, c'est venu comme ça, répond Sofiane Latrèche.
- Comment vous saviez que c'étaient des homosexuels ?
- Là-bas, il y a que ça.
- Vous dites que ça vous a chauffés. Qu'est-ce que vous pensez des homosexuels ?
- Rien (un silence). C'est leur problème si c'est des homos (silence). Je sais pas quoi répondre (silence). J'aime pas les homos par rapport à ce qu'ils font entre eux. Ça me dégoûte, moi.
- Qu'est-ce qui vous dégoûte ?
- (silence) Qu'ils se touchent entre eux."
Sofiane Latrèche n'avait pas bu d'alcool. Ce qui n'était pas le cas de l'autre prévenu, Laurent Piedboeuf, 33 ans, RMiste, qui avait consommé une quantité importante de vodka. La principale victime l'accuse d'avoir été le premier à le frapper. A l'audience, il réfute avoir porté des coups. Mais, pendant sa garde à vue, il a d'abord affirmé qu'il ne se souvenait pas. Puis ce père de deux enfants, bientôt trois, a lâché devant les enquêteurs : "Si je l'ai tapé, c'est qu'il a dû se passer quelque chose."
La Caisse primaire d'assurance-maladie (CPA) n'ayant pas été avertie de l'audience, pour pouvoir demander le remboursement des frais médicaux aux auteurs de violences, le jugement a été renvoyé au 21 septembre. Les deux prévenus ont été placés en détention provisoire. Le troisième agresseur, mineur, sera présenté devant un juge pour enfants.
Luc Bronner
LE MONDE
Article paru dans l'édition du 18.08.07.
Dans le box des prévenus, Sofiane Latrèche, 19 ans, sans emploi, hésite. Une magistrate vient de lui demander pourquoi, avec ses amis, il a roué de coups deux homosexuels sur un parking de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) dans la nuit du 14 août. Des coups de poing, d'abord, puis des coups de pied, très nombreux : la principale victime s'est vu reconnaître trente et un jours d'interruption temporaire de travail (ITT) pour des contusions, un nez cassé, des dents brisées, des douleurs au cou, au dos, à la cuisse, aux côtes.Un long silence et Sofiane Latrèche bredouille une explication devant le tribunal de Versailles, qui jugeait, jeudi 16 août, en comparution immédiate, deux des trois agresseurs présumés : "On a pris peur... On croyait qu'ils voulaient nous toucher parce que c'est des homos."Avec ses amis - trois hommes et deux jeunes filles - il revenait, en voiture, de la Fête des Loges, à Saint-Germain-en-Laye. Sur la route du retour, le groupe décide de s'arrêter sur un parking, à l'étang du Corra, un lieu connu pour servir de point de rencontres homosexuelles. Ils aperçoivent un couple d'"homos" dans une voiture. Trois des quatre hommes s'approchent d'eux, les insultent, puis les frappent. Dans la mêlée, une des deux victimes réussit à s'enfuir et à prévenir une patrouille de police qui passe à proximité.
"Pourquoi venez-vous agresser ces deux personnes ?", demande la présidente, Sophie Potocki.
- On était un peu remontés. Il y avait eu des petites disputes entre nous... Donc, dès qu'on a vu les homos, ça nous a chauffés, c'est venu comme ça, répond Sofiane Latrèche.
- Comment vous saviez que c'étaient des homosexuels ?
- Là-bas, il y a que ça.
- Vous dites que ça vous a chauffés. Qu'est-ce que vous pensez des homosexuels ?
- Rien (un silence). C'est leur problème si c'est des homos (silence). Je sais pas quoi répondre (silence). J'aime pas les homos par rapport à ce qu'ils font entre eux. Ça me dégoûte, moi.
- Qu'est-ce qui vous dégoûte ?
- (silence) Qu'ils se touchent entre eux."
Sofiane Latrèche n'avait pas bu d'alcool. Ce qui n'était pas le cas de l'autre prévenu, Laurent Piedboeuf, 33 ans, RMiste, qui avait consommé une quantité importante de vodka. La principale victime l'accuse d'avoir été le premier à le frapper. A l'audience, il réfute avoir porté des coups. Mais, pendant sa garde à vue, il a d'abord affirmé qu'il ne se souvenait pas. Puis ce père de deux enfants, bientôt trois, a lâché devant les enquêteurs : "Si je l'ai tapé, c'est qu'il a dû se passer quelque chose."
La Caisse primaire d'assurance-maladie (CPA) n'ayant pas été avertie de l'audience, pour pouvoir demander le remboursement des frais médicaux aux auteurs de violences, le jugement a été renvoyé au 21 septembre. Les deux prévenus ont été placés en détention provisoire. Le troisième agresseur, mineur, sera présenté devant un juge pour enfants.
Luc Bronner
LE MONDE
Article paru dans l'édition du 18.08.07.