Je crois la comprendre cette putain de p'tite phrase que j'avais notée dans mon agenda à la date du 2 novembre 2006 et en même temps elle me dépasse. Envie de ne la garder que pour moi, tel un trésor inviolé. Envie aussi de la divulguer ici dans mon journal… tout en redoutant qu'elle suscite des « bof » dubitatifs et blasés. Ou des « y a qu'à ».
Car l'amour dont il est ici question n'est pas celui qu'on bêle dans les chansons.
Ni l'amour gnan gnan des curés chevrotants.
C'est l'amour qui rime avec la mort, forcément. Eros et Thanatos.
L'amour qui nous pousse dans le trou puisque vivre, c'est… perdre du terrain. Forcément.
Et aimer, c'est en reconquérir, en somme. Non ?
Un pas en arrière, deux pas en avant.
Ou deux pas en arrière, un pas en avant.
De toutes façons, vivre à reculons et aimer par procuration.
La seule certitude : mourir.
Bon, je la lâche ma petite rafale spermatique, « petite mort » délicieuse et désespérée :

« L'AMOUR SERT A MOURIR PLUS COMMODEMENT À LA VIE. »

Dixit la grande Marguerite.
C'est évidemment tiré d'Hiroshima mon amour » (tiens, tiens)
L'amour
La mort
L'amort
La mour

… et la vie ??? Jetée au bout de la phrase comme on lance une bouée !
Et MA mort ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Pour quoi de bon ? A quoi bon ?
Brrrrrrrrrrrrrrrrrrr
C'est tout bête, non ?
Merde, je ne suis pas sûr d'avoir compris…
Je reprends : « j'ai découvert hier soir une petite phrase sublime etc. »

Et toi ? T'as pigé ?

J'ajoute un post-scriptum. Dans la nuit, j'ai lu d'une traite le livre d'un jeune auteur Etienne Ethaire : « Alissia Lone » aux Edition du Somnambule Equivoque (en Belgique). Une histoire de viol, le monologue d'une femme, Alissia, livrée à trois brutes en overdose de testostérone. Face à leur bestialité, Alissia s'accroche à la vie. Sa vie passée. Sa vie future, peut-être… C'est très fort, très dérangeant, dans une langue précise et sèche qui rappelle et illustre ces mots de Catherine Breillat : " Le sexe comme voie royale de la connaissance de soi et, par ricochet, comme révélateur des mécanismes d'oppressions." Ou encore : « Le cru, c'est la manière de se mettre la réalité en face. C'est l'émotion, c'est l'émotion vraie. » Que j'ai ressentie en tant qu'auteur, mâle et être humain (moi qu'on prétend misogyne !!) , et que je vous recommande aujourd'hui si vous êtes en panne de lecture authentique – je veux parler de la force d'un texte.

Et pour en revenir à notre Marguerite, à propos de la mort et de la vie, voici quelques lignes apaisées qui concluent le texte d'Etienne Ethaire :

« L'aptitude au bonheur, c'est tellement naturel… Aujourd'hui je relativise. Nos coups de grisou font partie de notre naturel. Mais notre naturel, c'est aussi de respirer l'arôme du café après une grasse matinée, c'est aussi de chanter les tubes qui nous passent par la tête, c'est aussi de flâner dans les rues et de s'arrêter aux terrasses des brasseries, et cætera et cætera, et cætera et cætera. Il t a beaucoup d'et cætera, parce que notre naturel, c'est d'abord de nous aimer. »
Etienne Ethaire, ALISSIA ALONE, Le somnambule Equivoque, 2006


LA SEULE CERTITUDE : AIMER.