POÈME POUR TROIS DÉFINITIONS
Par Michel Bellin le jeudi 22 février 2007, 09:09 - Lien permanent
Stéphane Bouquet est né en 1967. « Dans l'année de cet âge » est son premier livre. Il est sous-titré : 108 poèmes pour E et les proses afférentes. C'est-à-dire que la 1ère partie est constituée de 108 poèmes plus ou moins sibyllins et que la 2ème partie renferme les 108 commentaires en prose correspondants.
J'aime ce va et vient, j'aime cette immense poète qui me touche et m'émeut au plus profond (me fait sourire parfois) car son écriture poétiquement bancale évoque si bien le temps qui passe, le corps qui se délabre, l'émotion que procurent les jeunes mecs bandants.
…et aussi la mort qui, en se jouant ou en ricanant, progresse.
J'aime ce va et vient, j'aime cette immense poète qui me touche et m'émeut au plus profond (me fait sourire parfois) car son écriture poétiquement bancale évoque si bien le temps qui passe, le corps qui se délabre, l'émotion que procurent les jeunes mecs bandants.
…et aussi la mort qui, en se jouant ou en ricanant, progresse.
77. Poème pour trois définitions
La mort est les silhouettes mâles
que je vois irradiant leur vigueur
sur les trottoirs et j'en sors racorni
Ma mort est le dernier dépôt recueilli
par elles
de ma jeunesse d'hier
est la fatigue où j'écris.
77. J'ai dû (sûrement) croiser un groupe de jeunes beurs, franchir le trottoir parmi eux, les contempler à la dérobée, en trouver quelques-uns séduisants, et surtout très sexes et en même temps plus forts que moi, plus virils, beaucoup plus plantés dans la terre, solides. C'était inutile de croire que l'un d'entre eux, en survêtement de nylon blanc, allait dire salut à ses potes et l'air de rien me suivre et, au coin de la rue, nous aurions entamé un dialogue de contact et de désir. C'était illusoire et n'importe quoi et à chaque fois pourtant que ça n'arrivait pas, j'en concevais bêtement une tristesse et une amertume contre eux qui ont la vie à venir et pas moi ; ont le futur et des perspectives encore inexplorées encore neuves encore fécondes ; ont l'espoir et l'espérance et pas moi. Je les maudissais pour venger ma langue non passée sur toute l'étendue brune de leur torse.
Stéphane BOUQUET, Dans l'année de cet âge, Champ Vallon, 2001