" Avez-vous vu les stigmates ? Le Fils de l'homme, humble et pantelant, souffrait devant nous, avec nous et pour nous sur l'écran.Votre serviteur est devenu fou, allez-vous penser. Pas du tout ! Il regardait Nicolas Sarkozy interviewé par Claire Chazal dimanche soir sur TF1. Une scène poignante, bouleversante, qui laissait Chazal scandaleusement indifférente. C'était quasiment un scénario écrit de la main même de Mel Gibson et tourné par lui, à mi-chemin entre La Passion du Christ et Apocalypto. La seule différence était que l'acteur principal avait gardé son costume de banquier. Quel tourment ! Quel spectacle ! Quel talent !
Pour ceux qui l'ont manqué, ou auxquels leur médecin interdit ce genre d'émotion, on résume ce petit calvaire cathodique, remarquablement exécuté. "Que ressentez-vous ce soir ? ", s'enquérait la glaciale. "Beaucoup d'émotion", répondait Jésus Sarkozy de Nagy-Bocsa. "Lorsqu'on n'a pas soi-même éprouvé la souffrance, on ne peut pas comprendre. J'ai bientôt 52 ans. J'ai connu des difficultés, des échecs, des épreuves. Je les ai surmontés. J'ai voulu pendant longtemps dissimuler tout cela, le garder pour moi. Mais l'élection présidentielle, c'est une épreuve de vérité, et je veux apparaître en vérité", disait-il encore.
Quelles épreuves ? Mais Chirac, voyons ! Il faut suivre le film. Et puis, Cécilia, aussi. Vous ne lisez jamais Match ? Le Christ vous parle, sur TF1, à une heure de grande écoute, et vous ne comprenez pas son message, mécréants que vous êtes ? La suite était à l'avenant. "Je vois ce qu'il faut faire pour la France. Je le ressens. Je le porte en moi." C'est à ce moment-là que certains ont cru voir les stigmates. La fin était une pure merveille.
Chazal lui demandait, toujours aussi détachée, quand il quitterait enfin le ministère de l'intérieur. "Le moment venu, j'irai tout seul vers les Français", répondait-il avec un pauvre sourire. Tout nu, sans son escorte de motards ! Jésus, on vous dit. Il avait d'ailleurs commencé, dès l'après-midi, lors d'un grand rassemblement évangélique, porte de Versailles, à Paris."J'ai changé, parce que les épreuves de la vie m'ont changé. On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle si on n'a pas souffert soi-même", avait-il lancé à 80 000 fidèles venus par trains entiers pour l'écouter.

Cette élection présidentielle est décidément épatante. On avait déjà, dans le même paquet-cadeau, à gauche, Jeanne la bonne Lorraine et la Vierge Marie réunies en une seule Ségolène. On a désormais, à droite, le Christ souffrant revu par Mel Gibson. Qui a dit que la foi se perdait dans nos villes et dans nos campagnes ? "