LEÇON DE MUSIQUE
Par Michel Bellin le vendredi 12 janvier 2007, 07:50 - Lien permanent
J'écoute ces jours – en fait je le découvre – un superbe violoniste qui me donne des frissons : Léonid Kogan (1924-1982). Merci, très chère Nisou, de m'avoir offert cette intégrale pour Noël. Son concerto de Beethoven, l'ébouriffante Carmen Fantasia de Bizet/Waxman, le concerto de Khatchatourian, si négligé (ah ! l'élégie du second mouvement…) et j'en passe ! Certes, la gloire de David Oïstrakh a toujours projeté de l'ombre sur la renommée de cet éternel «second» violoniste de l'Union Soviétique mais son jeu, si j'en crois mes oreilles et mon cœur qui palpite, n'en était pas moins d'une virtuosité faramineuse et d'une sonorité ébouriffante. Bref, « sans la musique, la vie serait une erreur » selon Nietzsche et ma propre vie un bagne. Je convoque ce jour deux autres écrivains à la barre, ou plutôt au pupitre…le premier qui me glace, le second qui porte ma passion musicale à son acmé, pardon, cher O., (tu exècres ce mot !) à son paroxysme.
KAFKA : « Je suis réellement fort, j'ai une certaine force et, pour la caractériser d'une manière brève et peu claire, c'est mon être non musical. »
PROUST : « (…) le champ ouvert au musicien n'est pas un clavier mesquin de sept notes, mais un clavier incommensurable, encore presque tout entier inconnu, où seulement ça et là, séparées par d'épaisses ténèbres inexplorées, quelques-unes des millions de touches de tendresse, de passion, de courage, de sérénité qui le composent, chacune aussi différente des autres qu'un univers d'un autre univers, ont été découvertes par quelques grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le correspondant du thème qu'ils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant. »
(Du côté de chez Swann. A propos de la fameuse sonate de Vinteuil.)