LE BEAU FRERE


Une pauvre femme va mourir et elle voit passer de son humble fenêtre un enterrement de première classe.
Elle appelle son mari qui est bûcheron.
- Claude, lui dit-elle, si j'étais sûre d'être portée en terre comme ça par tant de prêtres, entourée de tant de musique et de tant de lumières, je mourrais moins malheureuse. Promets-moi que tu me feras enterrer dans un convoi de première classe.
- Nous sommes bien pauvres, ma chérie, mais je te le promets.
Le lendemain, Germaine meurt et trois jours plus tard on la porte à l'église et au cimetière aussi solennellement qu'elle avait voulu. Seulement, deux ans plus tard les frais des pompes funèbres n'ont pas été réglés et après le sacristain, M. le curé vient trouver le bûcheron qui n'a pas le sou.
- J'admets que vous soyer indigent, mon ami, mais n'avez-vous pas quelque ami ou quelque parent qui répondra de vous?
- Ah! monsieur le curé, les pauvres gens n'ont pas d'ami et je n'avais pour toute famille qu'une pauvre sœur qui a mal tourné.
- Mal tourné! Qu'est-ce qu'elle fait donc?
- Ah! monsieur le curé, elle avait tout ce qu'il fallait pour réussir dans le monde, l'intelligence, la beauté, l'instruction et elle s'est faite bonne sœur.
- Comment, mon ami, votre sœur est religieuse et vous osez dire qu'elle a mal tourné ! Mais ne savez-vous donc pas qu'elle est l'épouse de Dieu ?
- Ah! c'est bien vrai, monsieur le curé, j'oubliais… Eh bien! alors, pour la petite note, adressez-vous donc à mon beau-frère.