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QUELQUES FIGURES DE STYLE

UTILISÉES DANS MES RECUEILS ÉROTIQUES (suite)

9/ PASTICHE

Imitation d’un texte ou d’un auteur. À la différence de la parodie (mais la limite n’est pas toujours nette), le pastiche n’est pas caricatural mais tente de transposer le plus fidèlement possible le modèle, au point qu’un lecteur (cultivé) puisse s’y méprendre.

Pastiche de Jean Racine (Phèdre) :

« Imaginant l’icône, je revois soudain ma dernière mise en scène, je repense à la phrase si vénéneusement susurrée dans la bouche de l’impériale Huppert quand elle vomit la liaison interdite de son beau-fils avec le vieil archonte : « En vain, triste Hippolyte, en vain t’évertues-tu / Tripotant à tâtons les tétons de Tonton. » (Phèdre, acte III, scène 4). Quel talent, ce Racine ! »


Pastiche du texte biblique (texte de la Genèse où, selon l’auteur, Dieu crée deux hommes, et non pas Adam et Ève !). Comme il se doit, l ’apparat critique est copieux et d’une rigueur exégétique pour le moins fantaisiste !

14 Puis YHVH Dieu fit de nouveau tomber une torpeur sur Amad qui s’endormit. Il rouvrit sa chair et la transforma.

15 Il remodela sa poitrine et évasa ses hanches en forme d’amphore. Puis il gonfla sa chevelure, l’étira et la lia en torsade de joncs.

16 YHVH Dieu extirpa du ventre d’Amad la souche de Jessé et, à sa place, ouvrit un profond sillon. Puis il referma sa chair. C’est ainsi que YHVH façonna une femme et l’amena à l’homme.

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2 La traduction du mot ‘amaâd est délicate. Mot à mot « co-homme ». Les traductions modernes « compère » ou, comme ici, « compagnon » gagnent en élégance ce qu’elles perdent en acuité ontologique. L’étymologie reste mystérieuse : soit un mot berbère signifiant « la peau », soit un mot sémite « de couleur rose », sens attesté par l’historien Flavius Josèphe.

3 Au sens biblique du terme : avoir des relations charnelles.

4 Il s’agit de l’arc-en-ciel qui deviendra un thème récurrent (Rainbow) de la symbolique homosexuelle et de l’alliance des genres, harmonieuse « passerelle » entre ciel et terre.


Pastiche de Proust (avec à la fin citation textuelle de la chute d’Un amour de Swan) :

« Assommé comme un taurillon, Gaspard sombra illico tandis que déjà je m'étais replongé dans l'œuvre de Marcel Prout. L'heure était désormais à la mélancolie puisque Chronos, après l'éclat d'Éros, n'avait pas été fracturé ni son vol suspendu tandis que, mon jeune amant ronflant, je le contemplais un brin attendri puis, sitôt le livre refermé, après m'être récité mentalement deux pages empléiadées, alors que la naïve phrase de mon artilleur en pénétrant dans la chambre et dans les ondes du demi-sommeil où j'étais alors plongé, n'était parvenue jusqu'à ma conscience qu'en subissant cette déviation qui fait qu'au fond de l'eau un rayon paraît un soleil, de même qu'un moment auparavant le bruit de l'intermittence du néon, prenant au fond des abîmes une sonorité de tocsin, avait enfanté l'épisode de la déflagration sphinctérienne puis scandé mon ébranlement cérébral, caressant alors d'un index négligeant la fesse bombée tout contre mon flanc droit, je recherchais dans sa moiteur galbée la sensation exacte avant de me dire que ce garçon trop expansif, décidément, n'était pas mon genre. »


À SUIVRE

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