AUBE D'ÉTÉ


Au clocher villageois s'égrène un jour nouveau.
Notre chambre est encore enveloppée de nuit,
Assoupie. Seul un lambeau de blancheur discrète
Filtre entre les volets et la fenêtre ouverte.

Tu es là, près de moi, étendu sur le drap :
Sexe bénin, joues rosées, tu dors comme un ange !
Rien ne couvre ton corps où mon regard s'arrime.
Innocente langueur des joutes apaisées.

Tu fus pourtant si vaillant, si obscène !
C'était la nuit passée ; nouveau jour à présent.
Tu souris, tu t'étires : épanouissement
Splendide et généreux d'une chair qui s'éveille !

Tu tournes ton visage ébouriffé de rêves
Vers le tendre baiser que je donne à tes lèvres.
Mais tes yeux restent clos, tournés vers l'intérieur :
Ne rien rendre à la nuit des fantasmes heureux.

J'ai caressé ton flanc ; tu as sur ma poitrine
Dénoué tes cheveux qui guettent le soleil.
Tu gémis un sourire puis reviens à tes songes
Et j'ai moulé mon corps au vallon de tes reins.

Chut ! Je sens sous mon poing s'ériger ton désir,
Je caresse rêveur ta toison embuée
Des anciennes sueurs de notre volupté.
Nos moitiés se renouent dans un profond soupir.

Et nous restons ainsi très longtemps emmêlés,
Soudés, purifiés par le Saint Sacrement
De nos chairs apaisées, béats, tout étonnés
De renaître au bonjour d'une si tendre aurore.


M.B., 18 novembre 2011.