La copine que j'ai invitée lundi dernier (hier), pour un loyer très symbolique car elle paie en nature (!), est d'une beauté sobre, pas de dentelles superflues, ni chichis ni de falbalas. Juste sa jupe en forme de cœur fendu que pour moi elle déploie. C'est étrange et un peu inquiétant chez elle, cette splendeur un peu roide. Car ce qui me titille et m'affole, c'est la baguette magique que ma bonne fée s'amuse à brandir. À moins que ce soit l'index de sa dextre ! Voudrait-elle me changer en citrouille ? Ce que j'aime aussi chez ma nouvelle compagne, c'est qu'elle ne dégage pas de parfum capiteux, ce patchouli infect qu'exhalent trop souvent les vieilles poules parisiennes ! Non, ma frégate à moi, est sobre et discrète, tout dans sa voilure déployée, rien dans une fragrance frelatée. Et, dès que je rentre chez moi, ô trouble enchanteur, une fois la révérence accomplie, son long doigt qui se tend amical et pressant : tu viens, chéri ? C'était tellement long tout ce jour à t'attendre… Je m'approche, un peu intimidé. (Toujours chez moi la hantise du vagin denté !) Du coup, j'ai un doute. Cette fille trop impérieuse, trop écarlate, lionne et vermillonne, soudain la meuf m'angoisse. Je me trouble, je me fais des idées ou quoi ? Son trop pressant élan ne masque-t-il pas un… sexe plus qu'un index ? Sans cesse vers moi ce dard si menaçant… je rêve ou quoi ? la pucelle bande ! Help ! LA PUCELLE BANDE ! C'est un travelo échappé du Bois ! Non ? Si ! Ma bite à couper. Damned ! « Elle » me l'avait caché.

Tant pis, trop dangereux, à la fin de la semaine, quand sa beauté sera un peu fanée - mais ce n'est pas la vraie raison - je « la » répudie, pas pour sa beauté, pour son ambiguïté : pas assez féminine la mulâtresse, pas assez hé-té-ro-sexuée, carrément gouine, chez moi une fleur de bitume, certes, mais pas une camionneuse !!! La belle que voilà, entre nous, c'est fini, j'y mettrai le holà. Et ce doigt érigé qui gonfle ton jupon, je le mets à l'Index. Il ne m'impressionne plus ! Il n'ordonnera rien. Il ne me jettera pas à tes pieds, sous ta jupe écarlate. Il me trouble pourtant… délicieusement… il ravive en moi une pulsion secrète… Mais non, Bellinus, reprends-toi, nul travesti ici, non, non, ni Brésil ni Zanzibar, pas de zibar caché sous les nibars, tu ne dois pas, surtout pas dans ta résidence boulonnaise où le Bourgeois t'épie.

C'est entendu, j'y consens. Retrait et abstinence. Je chasse la demoiselle. Il est plus prudent, peut-être plus moral, de revenir à mes midinettes habituelles, à mes vacancières proprettes et coquettes. De vraies nanas, quoi ! Même si on ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens. Donc, dès demain, c'est promis, après un dernier verre avec « elle », je renverrai l'intruse. J'y consens, mais à une condition, uniquement en échange de ce modeste gage : TE LE MONTRER bientôt, ami(e) internaute, ce fantasme impérieux qui m'a ensorcelé ; TE PRENDRE À TÉMOIN de sa cruelle imposture à « elle », la diva des Tropiques, TE DÉVOILER ENFIN, DÈS DEMAIN SUR CETTE PAGE, cette impudique image qui m'a tant abusé, ce troublant avantage de mon garçon de joie : son mâle appât dressé au milieu du corsage !


[à suivre]