BONHEUR D’ANTAN
Par Michel Bellin le mardi 12 juillet 2011, 08:15 - Lien permanent
J'ai évoqué hier la planète Utopie, le bel astre impossible qui nous fait rêver et que nous aimerions habiter au quotidien… Un autre nom du bonheur qui n'est pas forcément dans le pré, peut-être ailleurs ou autrefois. Car comment s'imaginait-on le bonheur d'antan, lorsque n'existaient ni les congés payés ni le dernier gadget à la mode ? Réponse avec Christophe Plantin (1520-1589). Cet imprimeur belge, qui édita les 8 volumes de la Biblia Regia (un caractère typographique porte encore son nom), alliait les menus plaisirs de la vie aux gratifications de la connaissance. Aussi simple que ça, aussi dénué d'ambition et de promotion. Et si c'était pour nous, Modernes stressés, pressés et compressés, une piste modeste autant qu'enjouée pour la renaissance d'un Bonheur minuscule ? Personnellement, il me manque encore, aux confins de l'Ile-de-France, loin des immondes contemporains, juste un coin de jardin silencieux, avec ou sans espaliers odorants…
LE BONHEUR DE CE MONDE
Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d'espaliers odorants,
Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfants,
Posséder seul sans bruit une femme fidèle.
N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
Ni de partage à faire avecque ses parents,
Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands
Régler tous ses desseins sur un juste modèle.
Vivre avecque franchise et sans ambition,
S'adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter ses passions, les rendre obéissantes.
Conserver l'esprit libre, et le jugement fort
Dire son chapelet en cultivant ses entes
C'est attendre chez soi bien doucement la mort.
Christophe Plantin