Ataraxia = quiétude absolue de l'esprit.

J'adore ce mot mais je ne parviens jamais à l'état convoité !

Ce terme, provenant d'un mot grec signifiant "absence de trouble", désigne l'état de paix atteint par le philosophe capable de maîtriser ses passions et ses désirs. Les épicuriens et les stoïciens considéraient l'ataraxie comme un état suprême accessible seulement au philosophe.

C'est d'ataraxia dont manquait aussi hier ce cher V*** : tu sais qu'il a renvoyé son jeune copain, l'expérience de l'hôpital lui ayant montré à quel point le jeunot était peu soucieux de lui, de sa santé. Faut-il découvrir sur le tard l'absolu, viscéral et congénital égoïsme des bipèdes qui usurpent le beau nom d'Homme !!! Du coup, entre deux aventures de cul au final décevantes, notre V*** a envie de construire quelque chose de plus solide, de trouver enfin l'âme et le corps frères, bref celui qui acceptera de le chérir tel qu'il est, de prendre soin de lui. Vieillir ensemble... cette quête un peu désespérée (qui est la mienne) m'a touché... affligé un peu plus par son manque évident de lucidité et de réalisme puisque l'Amour (un tout petit peu fou) n'existe pas... surtout dans cette société de consommation effrénée et de décervelage médiatique qui rend les gens plus cons qu'ils ne sont en réalité. Passons.

Ceci dit, en face à face, nous n'avons pas philosophé, juste échangé, dégusté, ri, partagé un beau moment d'amitié... un brin fêlée et démunie face aux carences intimes et à la soif insensée de chacun !

Donc fuir, oublier, s'anéantir dans la seule Beauté... J'écoute en ce moment Bach sous les doigts d'Alfed Brendel. Ich ruf' zu dir, Herr Jesu Christe. Avec quelle foi, quelles larmes de bonheur autrefois je priais cette musique !

Tu le vois, je suis en plein état de misanthropie... que je vais aller cultiver à Garches en partant tôt, avec mes planches d'étagère sous le bras. Du bricolage, c'est bon pour le moral, peut-être quelques coups de marteau sur les doigts pour me ramener au réel ! Dieu merci (!), B*** n'est pas là... pas envie de baratiner, de m'apitoyer, de refaire le monde... je pourrai donc me morfondre délicieusement dans ma solitude-havre qui, je le découvre, peut non seulement nous protéger de la connerie universelle mais aussi nous fortifier dans l'intime (nous endurcir ?)
Mais gare au cynisme...

Bien reçu ton coup de fil hier. Je l'avais trop attendu et ce genre de communications est forcément navrant - et irritant - par sa banalité même ("ça va ? Oui, ça va et toi ? moi, ça va ! il faut chaud... il fait froid... etc. à plus !"). Le téléphone n'est pas une façon naturelle, vivante, intelligente, sensible, en un mot humaine, pour communiquer et partager.

Passe une bonne journée.

Je t'embrasse avec toute mon amitié écorchée.

Signé :

ton ami Michel (piètre philosophe)