ELLE S’AVANCE ENTRE SES DEUX GRANDES SŒURS…
Par Michel Bellin le jeudi 16 décembre 2010, 02:13 - Lien permanent
Je ne lis plus Péguy depuis une éternité. Son bavardage, son lyrisme gnan gnan m'insupportent. Je n'ai aucun penchant non plus pour la vertu « espérance » qui sent la sacristie rance et son optimisme trop sucré. Néanmoins, comme la pensée saugrenue qui m'a éveillé ce matin (à 1 heure trente tout de même !) fut : l'Espérance de Charles Péguy – où va donc se loger le subconscient ! – pourquoi résister ? Pourquoi refouler ? Pourquoi même argumenter ? J'obtempère à mon inspiration nocturne (dévoyée !) en mettant en ligne un extrait de l'interminable poème et une illustration à l'avenant.
J'ai d'ailleurs relu ce texte avant de le taper. Je confirme : rien, nada, raplapla, électrocardiogramme plat… ces mots redondants, un peu niais, ne me disent rien qui vaille, la magie n'opère plus, tant c'est désuet et poisseux. Mais peut-être qu'un Internaute, mieux disposé, sentira passer entre les lignes un frisson ou une pieuse nostalgie se faufiler dans ses vieilles racines chrétiennes gentiment titillées ?
J'ai d'ailleurs relu ce texte avant de le taper. Je confirme : rien, nada, raplapla, électrocardiogramme plat… ces mots redondants, un peu niais, ne me disent rien qui vaille, la magie n'opère plus, tant c'est désuet et poisseux. Mais peut-être qu'un Internaute, mieux disposé, sentira passer entre les lignes un frisson ou une pieuse nostalgie se faufiler dans ses vieilles racines chrétiennes gentiment titillées ?
La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance. La foi, ça ne m'étonne pas, ça n'est pas étonnant. J'éclate tellement dans ma création.
Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne. Ça c'est étonnant, que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux, qu'ils voient comment ça se passe aujourd'hui et qu'ils croient que ça ira mieux demain matin. Ça c'est étonnant et c'est bien la plus grande merveille de notre grâce. Et j'en suis étonné moi-même.
Il faut, en effet, que ma grâce soit d'une force incroyable, et qu'elle coule d'une source et comme un fleuve inépuisable.
La petite espérance s'avance entre ses deux grandes soeurs, et on ne prend seulement pas garde à elle. Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs, la petite espérance s'avance. C'est elle, cette petite, qui entraîne tout. Car la foi ne voit que ce qui est,Et elle, elle voit ce qui sera.
La charité n'aime que ce qui est, Et elle, elle voit ce qui sera.
La foi voit ce qui est dans le temps et l'éternité.
L'espérance voit ce qui sera dans le temps et l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité même.
Charles Péguy