Allez ! puisque nos gouvernants de néo-extrême-droite sont vraiment très cons et très méchants, on va pas se gêner ici pour les mettre en boîte et faire de la surenchère façon Canard enchaîné. Ceci dit, ça craint vraiment et un bon coup de torchon, ça urge ! Les boucs émissaires ethnicisés, y en a marre. Cette diversion est honteuse et indigne et nul n'est dupe : pendant ce temps, Sarko l'Impuissant ne parle ni du chômage, ni du pouvoir d'achat, ni de l'éducation, ni des effectifs policiers laminés… non seulement il n'en dit rien, mais surtout il ne FAIT rien !!! À la niche, le caniche !



« A qui le tour ? De quel cerveau chauffé à blanc va jaillir l'idée géniale d'un képi qui subjuguera les foules ? Qui va gagner le grand concours flicatoire de cette fin d'été ? Rappelons les règles de ce grand concours : tout dignitaire sarkozyte peut y participer. Il suffit de s'inspirer du Chef. Depuis que celui-ci s'est mis à cogner sur les Roms et à les expulser plus vite que son ombre. À promettre la déchéance de nationalité pour les Français pas de souche qui auront tiré sur un flic. À déclarer une « guerre nationale » à la délinquance…

Depuis donc cette grande offensive sécuritaire et décomplexée qui relance le vieux débat sur les origines des méchants (salauds d'immigrés !), plusieurs ministres et va-de-la-gueule se sont lancés courageusement. Chacun d'entre eux connaît bien sûr les objectifs du concours : essayer de remobiliser les électeurs de droite, et même du front National, qui ont boudé Sarkozy lors des calamiteuses régionales ; essayer de faire oublier la calamiteuse affaire Woerth-Bettencourt ; essayer de faire oublier le calamiteux bilan de Sarkozy en matière de sécurité (les violences aux personnes ne cessent d'augmenter), et aussi le calamiteux chiffre du chômage (on en est à 2,6 millions, soit 600.000 plus que le jour où Sarkozy é été élu) ; essayer de faire remonter la calamiteuses cote de popularité du Président, qui glougloute au fond du gouffre ; essayer de piéger la gauche… Pas gagné, n'est-ce pas ? Il faut donc ratisser large. Cogner fort. Dur. Spectaculaire.

L'apprenti premier flic Hortefeux : au premier délit venu, faut déchoir les Français d'origine pas française de la nationalité française ! Le député Eric Ciotti : faut foutre eux ans en prison les parents d'enfants délinquants qui piétinent les obligations du juge ! Le ministre de l'industrie Estrosi veut infliger une amande salée aux maires qui se montrent « laxistes face à l'insécurité » Et, pour couronner le tout, Besson le traître : faut expulser les gueux qui mendient de façon agressive ! Pas mal, les gars, bel effort. Mais vous pouvez faire mieux.

Certes, une petite difficulté vient épicer le jeu : en 8 ans d'activité flicatoire, d'abord comme premier flic de France, puis comme hyperprésident donc hyperflic autoproclamé, Sarkozy a déjà dégainé un max d'idées frappantes. Pas moins de 33 lois sécuritaires : contre les récidivistes ! contre les mineurs récidivistes ! contre les « étrangers indésirables » ! contre le mariage blanc ! contre les malades mentaux qui ont une « dangerosité potentielle » ! contre les chiens dangereux ! contre les cagoules ! contre les faux chômeurs ! contre les trafiquants ! contre les bandes ! contre les parents d'enfants absentéistes ! Et on en oublie.

Difficile d'innover. Le concours devient ardu. Il faut se creuser le citron. Surtout en l'absence de fait divers déclencheur. Ah, si un Français pas de souche se décidait à violer une bonne sœur ! Un ministre quelconque, Woerth par exemple, ou Kouchner (tiens, on ne l'entend guère sauf pour se vanter qu'il a eu le courage de ne pas démissionner) pourrait proposer la déchéance de nationalité pour les Français pas de souche violeurs de bonne sœur. Ça ferait débat. Ça ferait polémique. Les sarkozystes pourraient se moquer des socialistes qui rechignent à approuver cette loi : haro sur les belles âmes hypocrites et anti-bonnes sœurs ! Et Le Pen rigolerait : depuis le temps qu'il le dit, que les Français pas de souche sont des sauvages… D'ailleurs Le Pen rigole déjà. Sa fille encore plus. Toutes les pistes du grand concours de l'été figuraient déjà dans leur programme. Les voir ainsi légitimées par la droite prétendument propre sur elle, quel plaisir ! De quoi redonner une nouvelle jeunesse au Front National.

C'est l'engouement des médias pour l'affaire Woerth-Bettencourt qui nourrit le populisme, affirment les hiérarques sarkozystes. Mais non : ce sont eux et leurs idées à matraque et à chasse au faciès. Au fond, ce qui gâche le plaisir du grand concours survolté de l'été 2010, c'est qu'on craint de connaître déjà le nom du gagnant : notre facho national 100% d'origine française. »

Signé : Jean-Luc Porquet in Le Canard enchaîné N°4686, page 1.