Dans un cours de médecine, le professeur demande à une étudiante :

« Qu'est-ce qui chez l'homme augmente sept fois de volume quand on l'excite ? »

La jeune fille est rouge de confusion et ne réussit pas à s'exprimer. Le professeur se rend compte de son trouble.« Eh bien, Mademoiselle, reprend-il, c'est l'iris de l'œil. Et pour ce à quoi vous pensez, permettez-moi de vous mettre en garde. Vous risquez d'aller devant de grosses désillusions. »

C'est pareil pour les Noirs. Si l'on demande à une classe d'infirmières blanches qu'est-ce qui est long et dur chez les Noirs – notamment les Camerounais – à Paris, nous savons que très peu répondront que ce sont les études. Pourtant, c'est la réponse la plus juste. Et pour ce à quoi elles penseront, celles qui tenteront l'expérience pourraient être déçues. Il ne faut pas croire tout ce qu'on entend.

Parmi les idées reçues les plus tenaces sur les Noirs, il y a évidemment celle qui concerne la taille du sexe. Les Noirs pourraient s'en vanter. Ils auraient tort. Le casting qui leur attribue un sexe hypertrophié est généralement accompagné d'un nota bene expliquant que cette surcharge localisée a machinalement entraîné l'atrophie d'un autre organe plus fondamental pour l'humain : le cerveau.

En outre, parmi les animaux domestiques, le cheval est celui dont la légende de la taille du sexe, taille aisément vérifiable d'ailleurs, est la plus répandue. Alors, si l'on poursuit le parallèle entre le cheval et le Noir, on se souviendra que des deux, c'est le cheval qui a été élu la plus noble conquête de l'homme. Dès lors, le Noir se voit relégué dans le meilleur des cas, au deuxième rang. Ce qui n'est pas si élogieux que cela, vu les services rendus pour le développement de l'Amérique, continent où le cheval a lui aussi joué un rôle important dans la conquête de la nature. Veut-on me faire croire que le cheval a plus œuvré pour l'humanité que les descendants de Cham ?

Cependant, même cette deuxième place n'est pas assurée. L'on a souvent dit que l'autre ami de l'homme, le chien, était plus fidèle que le Noir.

Les idées reçues sur le Noir ne s'arrêtent pas à des domaines anecdotiques sinon drôles, comme la taille du sexe ou la fidélité à son maître. Dans les arts ou le sport, le Noir se voit coller des étiquettes spécifiques. Les disciplines pour lesquelles on attribue une certaine primauté aux Noirs, comme le sport ou la musique, se trouvent généralement dans le domaine du ludique, du divertissement. De là à conclure que dans le cadre de la servilité héréditaire – n'oublions pas Cham – le Noir est fait pour être l'amuseur public des races rationnelles, pensantes, il n'y a qu'un pas.

(…) En ce qui concerne les arts, le comte de Gobineau faisait cette déclaration hautement chatoyante :
« Il me semble voir un Bambara assistant à l'exécution d'un des airs qui lui plaisent. Son visage s'enflamme, ses yeux brillent. Il rit et sa large bouche montre, étincelantes au milieu de sa face ténébreuse, ses dents blanches et aiguës. La jouissance vient… Des sons inarticulés font effort pour sortir de sa gorge que comprime la passion : de grosses larmes roulent sur ses joues proéminentes ; encore un moment il va crier ; la musique cesse, il est accablé de fatigue.

Pour le Nègre la danse est avec la musique l'objet de la plus irrésistible passion. C'est parce que la sensualité est pour presque tout, sinon tout, dans la danse.

Ainsi, le Nègre possède au plus haut degré la faculté sensuelle sans laquelle il n'est point d'art possible ; et d'autre part, l'absence des aptitudes le rend complètement impropre à la culture de l'art, même à l'appréciation de ce que cette noble application des humains peut produire d'élevé. Pour mettre ses facultés en valeur, il faut qu'il s'allie avec une race différemment douée. »
(Comte de Gobineau, Essai sur l'inégalité des races, livre II, chapitre 7, 1ère édition 1853-1855).

Le comte de Gobineau affirme donc que le Noir est fait pour l'art, comme le singe est fait pour la vie arboricole et la grimace. Pour le Noir, il faut la sensualité et pour le singe l'agilité et la dextérité. Mais comme l'un et l'autre ne sont pas doués d'intelligence, ils doivent se soumettre à un maître qui canalisera leur don pour en faire des tours présentables dans un cirque. »


Gaston Kelman, Je suis noir et je n'aime pas le manioc, Max Milo Editions, 2004.


Peu d'essais posent aussi brutalement la question à laquelle généticiens en anthropologues ont pourtant déjà répondu : et si le Noir n'était rien d'autre qu'un Blanc à la peau noire ?

Chaque intitulé de chapitre est une invitation à l'intelligence, à l'ouverture et à la révision des vieux schémas instinctifs de racisme ordinaire qui fermentent en chacun(e) d'entre nous, moi le premier : « Je suis noir et je suis civilisé », « Je suis noir et je suis cadre », « Je suis noir et je n'aime pas les Blacks », « Je suis noir et je me soigne », « Je suis noir et je n'en suis pas fier »… Entre autres phrases fortes, ces mots m'ont interpellé : « Ce qui détermine mon existence, ce n'est pas tant d'où je viens que ce que je deviens. » Une parole que devrait méditer le ministre Besson.

Soignons-nous nous donc avec ce livre tonique et salutaire !