MATIN DE PRINTEMPS
Par Michel Bellin le vendredi 20 mars 2009, 06:35 - Lien permanent
J'ai écrit cette petite poésie le jour de mes 50 ans. Une décennie plus tard, en ce radieux matin de printemps, je la relis : rien à y redire, pas le moindre mot à remplacer, la plus infime virgule à déplacer et je me sens dix fois plus jeune que jamais. Plutôt intemporel, de moins en moins asservi et donc de plus en plus heureux. Une telle immaturité, un tel manque de productivité, une telle résistance passive et enjouée au “tsarkozisme névrotique”, est-ce grave, docteur ?
PRINTEMPS
À Jean-Claude Pirotte.
Un matin de printemps
À l'orée de mes cinquante ans,
Dame mésange m'a lancé ce trille moqueur :
Prends le temps,
Perds ton temps,
Tue le temps…
C'est lui qui te possède
L'instant arnaqueur !
J'ai replié l'agenda des jours tièdes,
Biffé mes titres, mes codes, mes e-mails,
Sur ma carte de visite
Ce mot nu : oisif
Mon pedigree, ma religion, mon nouveau gagne-temps
À l'orée de mes cinquante ans.
Challenge hardi :
La paresse est un limogeage consenti
Réservé à l'élite !
Depuis, je vais moins vite
Où ? je ne sais, mais mieux
Faisant mille envieux
Diplômé d'ineptie
Débordant d'inertie :
Bulleur surmené
Glandeur interactif
Flemmard créatif
Velléitaire forcené
Égotiste raffiné
Poète ébahi
Amant guéri
Affranchi
Dégrisé
Démuni
Délesté
Ravi
Au lit
JE VIS
À l'orée de mes cinquante ans
Ce matin de printemps
Il était temps !
M.B.