En fait, c'est une variante plus imagée de l'un des deux préceptes dont j'ai fait ma devise (l'autre étant “ Un seul jour à la fois ”), le fameux « Panta rei » d'Héraclite d'Ephèse (“Tout s'écoule”).

J'ai donc aimé cette fable rapportée par Atiq Rahimi, le lauréat du Goncourt 2008 (pour son roman "Syngué sabour" chez POL): « Il était une fois un roi. Un jour, il demanda à un artiste de sa cour de créer une œuvre qui saurait le rendre joyeux s'il était triste, et triste s'il était joyeux. L'artiste créa une bague sur laquelle était gravé : "Tout finit par passer." »

Et l'auteur afghan de faire ce commentaire : « Cette phrase était inscrite sur le pare-brise du taxi qui me prit à son bord en 2002 à la sortie de l'aéroport. Ces quelques mots me fascinèrent. Je ne cessais de me demander : qu'est-ce qui peut bien pousser ce peuple à vivre après tant de guerres, de destructions, d'humiliations, de douleurs ? Qu'est-ce qui peut inciter toutes ces femmes à fréquenter les salons de beauté et de mariage, après tant de viols, d'enfermement, d'aliénation ? La réponse était dans ce court poème : tout finit par passer. C'est d'une force et d'une sagesse fulgurantes. La vie serait-elle aussi belle s'il n'y avait la perspective de la mort ? Les Afghans savent que non. Il faut être humble dans son bonheur comme dans sa souffrance. »

Soyons humbles, passons au doigt la bague magique et traversons l'âme légère un week-end savoureux ou calamiteux, en tout cas… fugace !