Dimanche 12 octobre 1919

Décidément, mes dimanches parisiens n'ont rien de dominical ! Même si, comme aujourd'hui, ils se terminent parfois en apothéose. Au lever, c'est le régime spartiate dans toute son horreur : départ matinal à jeun pour être à 7 heures à la messe de communion à Stan. Attente interminable pour prendre le Nord-Sud. Office également interminable. Je dors debout. Ce que je préfère, c'est bien sûr l'action de grâces, je veux parler du bol de cacao au réfectoire. Deo gratias !

Il fait enfin beau mais glacial. Etude, récréation, puis à nouveau étude. Grand-messe à 11 heures avec sermon obligé. Nous mettons les bouchées doubles car la retraite de début d'année bat son plein. Le prédicateur a tenté, avec un certain succès, de renouveler ses deux sujets de prédilection, toujours d'actualité pour des jeunes gens : éloge de la pureté le matin et, avant midi, grandeur de la volonté pour construire notre vie intérieure. La barbe ! J'ai même été forcé de rester déjeuner au collège, comme un vulgaire interne, à cause du salut au St Sacrement clôturant la retraite. Décidément, le régime des bons pères n'est guère varié mais c'est ainsi, sans doute, depuis les origines (ce dont précisément je doute) : dévotions à l'apéritif, dévotions comme plat de résistance, dévotions en digestif. Ah ! Elle est bien loin ma gnole du Jura ! En tout cas, cet office, qui n'a guère amélioré mon état moral, m'a tenu dans ses rets jusqu'à 2 heures où je pus enfin m'échapper. Dans ma hâte de quitter la chapelle pour courir au Luxembourg, j'ai d'ailleurs failli bousculer l'abbé Pautonnier. Ma précipitation dut lui sembler suspecte : je sentis dans mes reins ses yeux de pistolet. Quel cerbère, ce Poto ! (Tout le monde l'appelle Poto à Stanislas.) On s'entend bien mais avec lui je n'épluche mon âme qu'au compte-gouttes. Surtout à cause de mon habitude pernicieuse… Mon directeur de conscience m'assiège sans cesse de sa suspicion. Il m'interroge sur ma santé, mes yeux cernés, il me demande si je dors assez, comptabilise mes communions à la messe du matin… Alors, avec lui, ma devise est simple : motus et bouche cousue.

Ouf ! enfin dehors ! Délicieux temps d'automne. J'ai traversé d'un pas léger les allées jaunissantes du parc pour aller enfin découvrir l'Exposition américaine après ma déconvenue de mercredi dernier. C'est une exposition à la fois sélective et très ouverte, près de trois cents œuvres représentant presque toutes les écoles d'outre-Atlantique, surtout des peintures. Comme on pouvait s'y attendre, les artistes américains se sont inspirés des diverses écoles européennes, suivant leurs propres origines ou leurs affinités et c'est avec un vif plaisir que j'ai pu découvrir les toiles de Lionel Walden, la Carmencita de John Sargent, la pittoresque Vendeuse de potirons de Victor Higgins et surtout l'adorable jeune femme peinte par Kenyin Cox. Quelle grâce ! Que de nuances dans sa gamme de couleurs ! Je me suis aussi attardé devant deux très belles œuvres (j'ai oublié le nom de leur auteur, originaire du Massachusetts, je crois), en tout cas ressemblant fort avec ce que j'avais déjà vu en mai chez les Espagnols au Petit Palais. J'en fus ravi, un brin mélancolique. L'art a ce don de m'émouvoir sans que je parvienne toujours à me maîtriser.

J'ai observé la masse des visiteurs. Les salles étaient bondées, on entendait davantage parler anglais que français. Je n'ai pu m'empêcher de penser à Dady, comme chaque fois que je pénètre dans un musée ou une galerie. Qu'il est loin le temps où, si complices, si intimes camarades, nous jouions à nous offrir des énigmes comme on tend des pièges inoffensifs ! Nous les cachions entre les pierres du mur de la chapelle, billets pliés en huit, parfois sous un peu de mousse tandis qu'une autre devinette plus facile, glissée dans le cahier de textes, nous avait mis sur la piste, chacun à tour de rôle. Quels enfants nous étions ! Je me souviens qu'une fois Dady, bien plus malin que moi, avait utilisé deux gouttes de citron pour rendre son message plus sibyllin. Moi, je préférais les rébus ou des jeux de miroirs, rédigeant le texte à l'envers. Peu importe en fait le stratagème, tout le bonheur résidait dans l'attente, la quête, le déchiffrage… et les quelques mots resplendissaient enfin comme un fossile rare ou une agate polie dans le creux de la main. C'était à l'automne 1917, peut être au printemps suivant, je ne me souviens plus des dates avec exactitude… A cause de son officier de père et de ses nombreuses affectations, Dady ne reste jamais longtemps dans le même collège, trois mois, six mois tout au plus. Depuis son départ en catastrophe durant des petites vacances (nous n'avions même pas pu nous dire le moindre adieu déguisé en au revoir), Dady m'a fait encore parvenir trois ou quatre messages. Tous cryptés évidemment, sans le moindre commentaire, comme la prolongation d'un jeu à la fois innocent et cruel puisque je ne peux plus désormais lui répondre. La règle est donc changée mais je m'en plains à peine. Aucune adresse au dos des enveloppes, seuls les timbres, uniques et chatoyants repères, du Moyen-Congo au Siam en passant par Madagascar et même une fois New York. The man of the world ! Le veinard ! Et à l'heure où j'écris, en cette nuit d'octobre 1919, ce mystérieux jeu de piste continue, troublant, enchanteur, vif bonheur par intermittence.

Au début du printemps dernier, ce fut un très court message en provenance du Maroc, très facile à élucider. Juste trois mots, je m'en souviens comme si c'était hier : « Candeur – Joie – Espoir » et c'était signé Tu sais qui. Mais quel âge a Dady, me disais-je en répétant rêveusement ses mots, quel âge a-t-il donc pour continuer de jouer ainsi ! À quel passé enfui se rattache-t-il, me relie-t-il et pourquoi ? Pour quoi ? S'il savait à quel point j'ai perdu aujourd'hui le goût du jeu et des charmants stratagèmes ! Je suis un homme sérieux, qui fait des maths à Paris et s'évertue à courtiser les filles. Et Dady n'en a cure, charmant farfadet, il m'aiguillonne, m'appâte comme si j'étais un vulgaire souriceau en cage ou quelque corolle offerte, prisonnière d'une serre. Pour la serre, il a raison mais comment puis-je espérer m'en échapper ? Notre jeu de cache-cache est à la fois ingénu et mystérieux, un peu vain, je l'avoue, mais, qu'y puis-je, je ne peux résister à l'émoi de décacheter l'enveloppe, deux ou trois fois par an. Je sais pourtant que chaque nouveau courrier ne révèlera rien, ne promettra rien, ni monts et merveilles, rien et pourtant tout : tout et rien en même temps, une bulle de bonheur, comme le mousseux de Montclairgeau ! Ah ! le goût du crémant… Comme si notre adolescence pétillait encore avant que nos rêves prennent un peu de ventre. Oui, c'est comme un rêve qui me touche de son aile, un espoir qui me fait palpiter et attendre demain, qui sait ? Attendre, toujours attendre…

Tout au début des grandes vacances, début juillet, je reçus cette fois de Marseille (Dady se rapproche !) un message un peu plus long, troussé en vers, très facile à déchiffrer. Il s'agissait de colorier des cases et, une fois le code trouvé, les lettres ravivées et remises en ordre s'éclairaient comme par magie. Du beau travail ! Dady avait dû passer des heures à agencer son message. Mais n'a-t-il donc rien d'autre à faire ? Ni leçons, ni devoirs, ni révisions ni colles ? Allait-il passer son été à courir dans les calanques – lui qui est si peu sportif ! ? Ne pourrait-il pas monter jusqu'en Bourgogne ou, mieux, dans le Jura ? Préférait-il me fixer quelque rendez-vous pour l'automne ? Mais où ? Au Louvre ? Au Luxembourg ? Et quand ? Et qui est cette « Pomone » aisément décryptée, à part la plantureuse déesse qui ne m'inspire guère ? Et ce « carrefour des arts » où peut-être Dady me guette ? Pour le « Flottard », ça ne fait aucun doute, il ne peut s'agir que de moi. Mais qui donc renseigne Dady puisque, depuis bientôt deux ans, il est censé ne rien connaître sur moi, ni mes projets, ni mon inscription à Stan ? Quant à mon adresse boulevard Pereire, où l'a-t-il dénichée ? J'ai tellement tourné et retourné dans ma tête sa dernière énigme :

« Quand reviendra l'automne
Au rendez-vous des arts
Pour un triste Flottard
Le grand Prix de Pomone.

»Oui, depuis quatre mois, je me suis tant de fois perdu en conjectures devant cette sorte de prophétie masquée. Ou d'invitation subtile ? Une histoire de fous ! À vrai dire, cette aventure ne m'inquiète pas, elle ne m'a jamais troublé outre mesure, ni ne me plonge aujourd'hui dans une expectative lancinante. Ce n'est qu'un jeu, après tout, Poto n'a rien à y redire, une douce espièglerie qui déjoue le morne ordonnancement où je m'enlise ici, jour après jour. Pas un jeu de piste, plutôt une sorte de ritournelle, comme une chanson d'enfance, un rien démodée, qui vous accompagne et vous berce. Moi, elle m'apaise ! Et chaque fois que l'Art me convoque – je m'y plonge de plus en plus souvent le jeudi tant la capitale est riche de merveilles dont je suis avide – oui, chaque fois que je grimpe les marches d'un musée ou pousse la porte d'une galerie, elle revient ma ritournelle, elle m'accompagne et, instinctivement, mais sans rien espérer, juste pour l'illusion de ne pas vieillir et de caresser encore notre muraille aux secrets, juste pour le plaisir de jouer et de gagner peut-être un jour le gros lot, dès que je pénètre dans un hall ou sous une verrière, dès que j'entends un accent étranger, je regarde instinctivement autour de moi… je cherche un visage, un regard… une voix… Excuse me, sir, are you Paul ? Un jour, Dad – laisse-moi te parler, te chuchoter dans le noir et, incognito, ni vu ni connu, te confier ce secret au bas de cette page – : un jour, mon Dady, tu reviendras… Forcément ! Et tu auras rudement grandi… Mais je me demande… et le rouge me monte aux joues tandis que ma plume en tremblant perfore le papier… est-ce que tu auras encore en me voyant ton air un peu gêné, avec ce tic charmant quand tu baissais les paupières et que ta lèvre… Excuse me, sir, are you Paul ? Toi seul, pour moi seul, nous deux, forcément puisque revient l'automne au carrefour des arts.

Retour au sérieux pour narrer la fin de cette journée. Trop de sentimentalité nuit, c'est ce que n'a cessé de nous répéter le prédicateur ce matin. Et c'est ce que j'ai soigneusement noté à la fin de mon carnet de récollection, mais sans trop croire à ma résolution : m'en tenir cette année à la persévérance. Privilégier l'exigence. Ne plus monter ma vie en mayonnaise. Brûler les scories du moi sentimental. Honorer la pureté en pensées et en actes. Le vrai pèlerinage est intérieur. Dieu au centre. Quel programme ! J'en tremble par avance… Finalement, je crois bien avoir perdu la foi. Pour de bon ! Incroyable mais vrai : niet ! Et je n'en tombe pas foudroyé, comme le malheureux Ananias ! Pire, de me l'avouer ce soir, à moi seul, noir sur blanc, me procure moins de remords qu'une étrange et perverse jubilation : juste à la fin d'une retraite ! Et à la barbe de Poto ! Si mère savait… Je ne puis m'empêcher de me remémorer un souvenir des dernières grandes vacances, sans doute prémonitoire. Je crois bien l'avoir déjà raconté quelque part dans mon journal mais sans oser tout dire… Ce jour-là, je devais pédaler jusqu'aux aux hospices de Beaune, je m'étais donc levé très tôt et faisais à l'office une grosse collation avant d'enfourcher Rossinante. La maison était silencieuse : seule, Mère au-dessus de ma tête, qui arpentait sa chambre, comme à son habitude. Ah ! ces pas au-dessus de ma tête… Je me souviens que, ce matin-là, m'empiffrant de beurrées, je me mis à mastiquer rageusement, réglant peu à peu mes mâchoires sur les pas exaltés, et chaque coup de dent, volontairement bruyant, était ma petite vengeance personnelle sur la dévotion martiale de maman, sur son absence, sa froideur à mon égard, sur ses rosaires au pas cadencé, sur cette sorte d'absolu dont je me sens grugé, sur son Christ, oui, son Christ chéri, son époux de substitution, cet éternel voleur d'énergies. Comme elle fut immense ma voracité, ce matin-là, et inconvenante, sacré nom d'un macaroni !

Basta, on se calme. Tâchons de redevenir, à défaut d'un bon petit chrétien, un chroniqueur impassible. Donc, Dady n'était pas là cette après-midi, je l'ai déjà noté. L'affaire est entendue. Point final. Ce sera pour une autre fois. Sursum corda ! Tant pis, tant mieux, rien de plus décevant qu'un miracle accompli quand l'espoir est tari. Me persuadant que j'étais à peine déçu, j'ai traversé de nouveau le Luxembourg en passant par l'esplanade féériquement fleurie et empanachée de jets d'eau. Beaucoup de chance pour nos vieux sénateurs ! La lumière était un rien brumeuse, l'air très doux. Je me sentais un jeune Hermès aux pieds ailés tandis que ce halo d'été indien m'accompagnait jusqu'à l'imposant Panthéon dont le clocher au loin est si caractéristique avec sa ceinture de colonnades. Le bâtiment étant ouvert, je passai fièrement devant le Penseur de Rodin qui se morfond douloureusement à l'entrée. A l'évidence, on n'entre pas ici pour plaisanter mais pour réfléchir et se recueillir. Ce dont j'avais bien besoin dans l'état où je me trouvais. Ce que je ne vis guère tant les nombreux visiteurs se montraient désinvoltes, chapeaux sur la tête et plaisanteries aux lèvres. « Que la foule vienne et prie» avais-je pu lire. Peine perdue. Je sus quant à moi garder un maintien digne mais je dois avouer que tout cela ne m'excita guère, pas même la rotonde centrale et la coupole de Soufflot qui doit peser des tonnes, très exactement - car j'ai pris le temps d'interroger le gardien - 11.000.000 kilogrammes ! En fait, j'aime surtout voir ce monument du dehors, de loin, sans la moindre pensée émue, je l'avoue, pour les quinze ou vingt misérables grands hommes qui dorment là de leur dernier sommeil. Métaphore convenue puisqu'ils ne roupillent pas, ils sont morts, un point c'est tout. Ils ne sont plus rien du tout, ni Voltaire, ni Rousseau, ni Zola, ni Hugo. Bien sûr, je respecte leur génie mais c'est ailleurs que leur âme palpite : dans leurs œuvres. Lire, c'est leur rendre hommage. Visiter leurs cendres, c'est les ensevelir une seconde fois. Quant à leur existence, forcément de grandes existences puisqu'ils sont de grands hommes… Peut-être simplement de bons comédiens : les comédiens de leur propre idéal ! Et tandis que le vieux soldat invalide, très médaillé, continuait imperturbable à nous désigner les mausolées, je me pris à avoir une pensée réjouissante pour moi-même. Je dois être, moi, Paul, un sacré grand bonhomme puisque m'habite un si noble idéal de marin au long cours ! Moi qui ne rechigne jamais à la manœuvre et ne crains aucun grain ! Moi qui lutte chaque jour, pied à pied, contre mes bourrasques neurasthéniques et surtout contre ma nature secrète plus honteuse qu'une lèpre, plus dévastatrice que l'œil du cyclone. Oui, un sacré grand homme et, forcément, un peu cabot, pas trop, juste ce qu'il faut, puisque je prends plaisir à confier chaque soir à un banal cahier de L'Economie ménagère mes aventures donquichottesques et mes pitoyables déboires amoureux ! Comme il y a un soldat inconnu, il doit bien exister un héros inconnu : c'est moi, ce héros inconnu.

Je quittai le Panthéon assez réjoui par ma trouvaille, presque en plastronnant. J'aurais bien apprécié une décoration mais, après tout, j'avais encore toute la vie devant moi pour me prouver ma bravoure. Dieu sait s'il en faut à Stan ! La visite du jardin des plantes me fit bientôt perdre cette allure martiale, un tantinet ridicule je l'admets et bêtement iconoclaste vis-à-vis de nos nobles ancêtres. D'ailleurs, en ce qui me concerne, le Héros n'est pas le rôle où j'excelle. Je me vois mieux en cycliste ou en herboriste. Je changeai donc vite de registre et la nature, quoique domestiquée ici, m'y invitait. Que de jolies fleurs partout, regroupées avec art dans le jardin botanique, si exquises, si variées, plus coquettes les unes que les autres, disposées avec un tel soin, merveilleux ensemble tenant lieu à la fois de ballet et de parade. Et, bien entendu, la foule des grands jours en ce dimanche ensoleillé, toutes classes sociales confondues. Deux ou trois jolies silhouettes, quelques frimousses éveillées. Par contre, derrière un massif, de hideuses girls-scouts. J'en pris mes jambes à mon cou !

Je ne parvins à la gare de Lyon que vers 4 heures et demi et ma réclamation à propos de ma malle s'est tout de suite arrangée. Heureusement, car je commençais à avoir très mal aux pieds. Je m'attardai néanmoins près d'un quai, alors qu'un train manœuvrait en repartant à reculons. Je me mis à rêvasser une nouvelle fois : l'immense marquise agrandissait une ouverture béante sur le Sud, les belles provinces, la Bourgogne et le Jura, ma paisible campagne, la Dheune et mes saules murmureurs, la terre libre de mes dernières grandes vacances. Et plus loin encore Nice, Sète, la mer, l'Afrique… Dady ? Elle est retrouvée ! – Quoi ? – l'Eternité. C'est la mer mêlée au soleil. Et sur le dôme du Panthéon - non, je ne rêvais pas en remontant la Seine le long de l'Arsenal - partout, sur les flèches de Notre-Dame, sur les tours de St Gervais, partout, partout, des morceaux de lumière enrubannée de rose. Un enchantement ! Une douceur ineffable. J'ai senti l'harmonie, je l'ai respirée, je m'en suis imprégné, fermant les yeux, dilatant mes narines. Cela tenait du miracle. La terre m'appartenait, le fleuve, la ville, ma vie ! L'espace d'un instant, je me suis senti tout ensemble démiurge et poète, furieusement invincible. Cette immense cité ne m'impressionnait pas, ne m'incommodait plus : je m'y promenais comme un seigneur en son parterre arpentant son domaine, tout gonflé d'une importance faite d'aménité et de solennité. Très naïvement, je me sentais immortel ! Et dangereusement exalté : à défaut d'océan, pour la toute première fois depuis mon arrivée, j'ai aimé Paris ce soir. Oui, je le répète et le souligne : j'aime Paris. Et rien ni personne ne peut ternir cette joie, pas même ce lambeau de regret de n'avoir aujourd'hui ni rencontré mon Messager ni surtout bossé – toute cette trigonométrie en retard qui va me valoir quatre heures de colle ! Mais qu'importe, dit mon poète, puisque je l'ai retrouvée ! – Quoi ? – L'Eternité !


À suivre