Oui, mon nouveau livre est lui aussi une sorte de défilé, ainsi que je m'en explique sur la jaquette du livre. « … point de théorie ni d'arguties, surtout pas un autre traité d'a-théologie. Juste des mots en rafale, à la volée. Pour jongler et peut-être semer... Des mots que l'auteur a ratissés dans son œuvre comme on rassemble une collection - comme on concentre une mitraille ! Des mots charnus, crus et drus, faits de nerfs et de sang, de sperme et de larmes, humains quoi ! »

Il s'agit bien d'une sorte d'anthologie éruptive, dans tous les cas originale : une édition repensée, revue, corrigée et augmentée. Avec une belle jaquette rose et un dessin original en prime ! En effet, pour mon plus grand malheur, ce livre paru à la sauvette fin 2006 fut un livre mort-né suite au naufrage en rade de La Rochelle des éphémères Editions ALNA atlantique. Mais moi, je ne me suis pas laissé abattre et mon combat contre l'ange n'a pas cessé à l'aube comme l'infortuné Jacob qui, dit la Bible, en eut la hanche luxée. Mes vertèbres vont bien, Dieu merci, et Denis Pryen, éditeur exemplaire, après m'avoir accueilli les bras ouverts - ainsi que son lieutenant, le surdoué et si affable André Julien Mbem - m'a laissé carte blanche… sauf pour la 4ème de couverture où j'ai dû revoir ma copie. Mais le professionnel avait raison : à quoi bon provoquer si le lecteur s'enfuit en courant après avoir laissé tomber l'opus ?!

Ceci dit, on me reproche souvent d'être, non seulement tenace, mais hargneux voire teigneux. C'est vrai, la religion – l'Eglise catholique en particulier – m'insupporte. Lorsqu'on a fréquenté comme moi les coulisses de cette multinationale de l'âme, et quels que soient certaines trajectoires exemplaires, le génie de Bach ou la croyance sincère des individus, on mesure à quel point est énorme le coefficient de manipulation, d'imposture, d'obscurantisme et de doucereuse violence. Certes, l'athée n'est pas par définition subversif, mais dans un monde dominé par le religieux, par son retour plus insidieux que fracassant, il le devient de fait. Quant à l'antagonisme christianisme/homosexualité, il n'y a pas photo : la discrimination au nom de la fidélité à un certain Jésus de Nazareth est la pire qui soit, la plus révoltante, même si le christianisme est au Christ ce que le chauvinisme est au chauve ou la calvitie à Calvi, c'est-à-dire pas grand chose. D'où mes nouvelles lettres de noblesse : déicide ou théoclaste, comme on veut ! Et écrivain avant tout, à la recherche de la vérité et de l'émotion pour et par la beauté des mots, l'harmonie de la phrase, sa musique, sa rythmique. (« Un écrivain sans oreille, disait Hemingway, est un boxeur sans main gauche. ») Que ça cogne donc, - et des deux poings - mais en beauté ! C'est pour cela que le sous-titre de mon nouveau livre n'est pas « essai » mais bien « fragments littéraires ».

Quant au reste, la prudence, la décence, la langue de buis… Le cher Oscar a déjà tout dit dans sa fameuse préface : “ There is no such thing as a moral or an immoral book. Books are well written, or badly written. That is all.”

Et avant de te livrer, fidèle ami internaute, l'avant-propos qui ouvre mon nouveau livre, je tiens ici à dire et redire (citant l'excellentissime site « L'athéisme, l'homme debout » [http://atheisme.free.fr]) :
« L'athéisme reconnaît et respecte le droit de chacun de croire aux esprits des ancêtres, à Dieu, au Père Noël, à la licorne bleue ou à n'importe quoi, si cela peut aider à mieux vivre la courte existence humaine. Mais les croyances et les doctrines religieuses deviennent dangereuses si elles menacent la liberté et l'intégrité de l'individu ou de la société. C'est la raison pour laquelle les athées sont extrêmement vigilants quant au pouvoir (de nuisance) dit "temporel" des grandes religions et des sectes et en combattent les abus de toutes leurs forces. »

AVANT-PROPOS

« Fin novembre 2005, une bombe éclate : l'instruction romaine – relue et approuvée par Benoît XVI – interdisant désormais aux candidats homosexuels d'accéder à la prêtrise. Certes, je m'attendais à cette mesure, ayant été alerté depuis l'été par un correspondant italien. Il n'empêche, bien qu'athée, je suis scandalisé et meurtri : est-il encore concevable de faire l'amalgame entre homos et pédophiles ? De diaboliser et d'exclure en toute bonne conscience ? Imagine-t-on Jésus de Nazareth excluant les pédés du Royaume de son Père, lui qui avait un faible pour les marginaux de tous poils et de tout pedigree ! S'il s'agissait d'une toute autre institution que le Vatican, on aurait crié au scandale, on aurait pétitionné, on aurait saisi la Cour européenne des Droits de l'Homme… Or, à part les instances gays légitimement blessées et révoltées, peu de remous suscités par cette mesure inique. Sans doute d'autres croisades planétaires plus urgentes… Je suis si outré que je décide de publier un recueil de textes dans lesquels, rageant ou m'esclaffant, je dénoncerai l'angélisme et l'homophobie catholiques. Le titre de mon opus est tout trouvé : IMPOTENS DEUS. Le latin sonne sec et fort, comme un coup de grisou ou une gifle cinglante à cet ectoplasme inoffensif qu'ils dénomment DIEU – je l'appelle désormais Pouet Pouet – et que j'entends dégonfler comme un condom percé ! Certes, contre un délire collectif, une hypothèse vaseuse, nous ne pouvons rien. Mais contre ses représentants autoproclamés, contre les sbires enjuponnés de l'Eglise – et de toutes les religions globalement contemptrices du corps et sauvagement homophobes – nous pouvons, nous devons combattre. C'est ce que je fais aujourd'hui : contre les maux conjugués de la superstition, de l'intolérance et de l'exclusion, je ferraille à mots nus… et, comme souvent dans mon œuvre, à mes risques et périls.

Encore deux précisions. Par rapport à la première publication à l'automne 2006 par les éphémères Editions ALNA atlantique, la présente version a été habillée de neuf, entièrement revue, lestée de sept nouveaux textes. L'auteur considère cette version comme exhaustive, définitive, enfin idéale. D'autre part, puisque avec cet ouvrage la boucle est bouclée, il laisse à nouveau douze ans plus tard le mot de la fin au cher Jacques Gaillot, non dans un sursaut d'obédience, ni même pour désencombrer l'ego in extremis, simplement pour rendre un hommage fraternel au prophète évincé : la voix de l'homme est restée douce et le regard toujours aussi clair.
»

Michel Bellin
Le 29 juin 2008
en la Fête de St Pierre et St Paul


Ce livre (à paraître dans une quinzaine de jours) pourra être acheté pour le prix de 15,50 € dans les librairies, directement sur le site de L'Harmattan (http://www.editions-harmattan.fr) ou sur le site de l'auteur (stock limité pour un exemplaire dédicacé).