PRINTEMPS
Par Michel Bellin le vendredi 11 avril 2008, 07:21 - Lien permanent
Après avoir relu ce poème écrit il y a une petite dizaine d'années (déjà !), je m'interroge ce matin : est-ce que j'ai changé ? Ai-je transigé ? Printemps après printemps, ai-je capitulé ? Franchement, je ne le pense pas. Mais nul n'est juge de ses utopies qui rouillent si vite ni de ses petites lâchetés au quotidien.
PRINTEMPS
À Jean-Claude Pirotte
Un matin de printemps
À l'orée de mes cinquante ans,
Dame mésange m'a lancé ce trille moqueur :
Prends le temps,
Perds ton temps,
Tue le temps…
C'est lui qui te possède
L'instant arnaqueur !
J'ai replié l'agenda des jours tièdes,
Biffé mes titres, mes codes, mes e-mails,
Sur ma carte de visite
Ce mot nu : oisif
Mon pedigree, ma religion, mon nouveau gagne-temps
À l'orée de mes cinquante ans.
Challenge hardi :
La paresse est un limogeage consenti
Réservé à l'élite !
Depuis, je vais moins vite
- où ? je ne sais, mais mieux –
Faisant mille envieux
Diplômé d'ineptie
Débordant d'inertie :
Bulleur surmené
Glandeur interactif
Flemmard créatif
Velléitaire forcené
Égotiste raffiné
Poète ébahi
Amant guéri
Dégrisé
Affranchi
Délesté
Démuni
Ravi
Au lit
JE VIS
À l'orée de mes cinquante ans
Ce matin de printemps
Il est temps !
M.B.
À Paris, !e 14 octobre 2000