En fait, sitôt entré, alors qu'on entendait l'Adagietto de Mahler interprété par le chœur Accentus (un CD que j'avais prêté pour la cérémonie), je fus d'emblée ébloui par cette évidence : comment, dans cette église moderne mais construite à l'ancienne, dans cette esthétique d'après-guerre très datée et surchargée de fresques, de mosaïques, de touchantes mignardises, de chromos sulpiciens, de vitraux démonstratifs… comment le garçonnet docile, fervent et pur que j'étais alors, clergeon enjuponné de blanc, comment aurais-je pu échapper à mon destin sacerdotal à défaut d'une claire vocation théâtrale ou musicale ? C'était joué d'avance ! Du coup, sitôt la porte poussée, retrouvant mon émerveillement d'antan, j'eus de l'indulgence pour ma dévote mère, pour le beau vicaire blond qui la fascinait et aussi un regard attendri pour ce grand vieux bêta qui revenait rôder sur les lieux du crime.
Puis soudain ce flash : le gisant christique, que j'avais décrit dans une de mes nouvelles coquines (« Les cloches du paradis ») n'était-il pas présent ici, ne m'attendait-il pas depuis tout ce temps, à quelques pas, là, dans la chapelle au fond à gauche ? Au moment d'écrire ma nouvelle – que je considère comme mon seul texte mystique (dans la lignée des Rose de Lima, Thérèse d'Avila, Marguerite Marie Alacoque et autres saintes hystériques et érotomanes) – j'avais complètement zappé, refoulé sans doute, cet exorbitant détail qui avait fasciné mes sept huit ans. Je devais aujourd'hui en avoir le cœur net. Telle fut la résolution qui m'obséda tandis que se déroulait le rite catholique qui n'a plus le lustre d'autrefois, comme si jeunesse et beauté s'étaient à tout jamais envolées.
À l'issue de la cérémonie qui fut digne et fervente (mais je ne participais pas, m'ennuyant ferme, réfutant une à une les bondieuseries débiles du vieux prêtre qui, d'une voix chevrotante, ne parlait que de Vie éternelle, de Ciel, d'Amour, de Jean plus présent mort que vivant etc.), alors que le fourgon mortuaire s'était éloigné et que s'étaient dispersées les saintes femmes qui avaient tenu lieu d'enfants de chœur, me voilà revenant sur mes pas en catimini, seul, déterminé, étonnamment joyeux. Nos retrouvailles inopinées tant d'années plus tard ! J'entre donc à nouveau. Le grand vaisseau est sombre et silencieux. Par chance, je suis seul. Sans la moindre hésitation, mes pas me conduisent vers la chapelle dont le nom me revient soudain : « la chapelle du St Sacrement ». C'est là qu'avait lieu une fois l'an l'adoration perpétuelle. Des montagnes de lys et de flammes ardentes. Au cœur de l'ostensoir, un vide coruscant : Hoc est Corpus… Nulle chair alors, seul le Verbe et le parfum des fleurs. On adorait, on s'inclinait, on se gavait d'absence et moi je me barbais car mon pauvre Jésus blessé ne venait jamais au rendez-vous de mon âme fervente.
Bref, cinquante ans plus tard, je pousse le portillon et pénètre dans la pénombre. Il m'attend, j'en suis sûr, étendu de tout son long, toujours pas ressuscité mais disponible dans sa gangue de bois grandeur nature. Comment Lui résister ? Retrouvant d'instinct le geste de tendresse du jeune prêtre Julien, cet anti-héros que j'avais cru imaginer dans mon livre, je m'accroupis devant le gisant et le caresse longuement, depuis les orteils jusqu'à la chevelure, partout, en remontant la main, sur les tibias, sur les cuisses, sur le ventre, sur le torse, le visage, la bouche entrouverte, les paupières closes… plus longuement encore sur la virilité du Fils de l'Homme, hélas bien peu marquée par le ciseau pudique du sculpteur. (À l'époque, cette neutralité anatomique à la fois me rassurait et me frustrait.)

Mon Seigneur et mon Dieu ! Tant d'années plus tard… Le matériau est toujours aussi lisse et froid. Et cette fois –dois-je le regretter ? – le miracle du livre n'a pas eu lieu. Pourtant, comme j'étais prêt et comme mon cœur bandait !


LES CLOCHES DU PARADIS

Quod sumus est crimen, si crimen sit quod amamus
Qui dedit esse deus praestat amare mihi.


Notre existence est un crime si c'est un crime que d'aimer,
Car le Dieu qui m'a donné l'existence m'accorde aussi d'aimer.

BAUDRI DE BOURGOEIL
Archevêque de Dole (1046-1136)
Carmen 97, v. 55-56


Lorsqu'il pénétra dans son église, située un peu à l'écart du bourg, Julien se sentit glacé. C'était moins l'humidité du lieu (qu'on ne chauffait qu'au moment du culte, faute de moyens) qu'un immense vide spirituel. Tout n'était en lui que froidure et désolation. A vingt-huit ans, le prêtre se sentait déjà un vieillard et chaque fois qu'une fête s'achevait – c'était le soir de Pâques -, sa tumeur ontologique doublait de volume. Tout s'était bien passé pourtant, comme à l'ordinaire, comme depuis 2000 ans, on avait prié, on avait espéré ; son fidèle troupeau avait bêlé d'une voix morne « Alléluia ! Nous sommes ressuscités ! » Puis ses paroissiens étaient repartis heureux vers leurs foyers en agitant leurs cierges et en grignotant les œufs en chocolat vendus sur le parvis au profit des lépreux. Au soir de ce frisquet dimanche d'avril, Julien, lui, se sentait plus seul que jamais, plus désespéré. Depuis belle lurette, il ne croyait plus à ces sornettes, peut-être faute de combustible : Julien n'avait jamais aimé, il n'avait jamais été aimé. Et son carburant à lui était rare et introuvable dans le bled, c'était du super sans plomb spécial : les garçons. Hautement prohibé dans notre sainte mère l'Eglise ! Hautement improbable dans le cœur et le corps du jeune homme : après tant d'années de piété et d'ascèse vertueuse, tout n'était que potentiel, péché virtuel et fantasme de synthèse. Monsieur l'abbé se consolait comme il pouvait : en faisant bien son boulot, fonctionnaire réglo, ventriloque très pro d'un Bon Dieu à la réputation usurpée. Pour complaire à ses ouailles et en rajouter dans le perfectionnisme, Julien avait même consenti à remettre une soutane. Au troisième millénaire, il se disait que les cathos nostalgiques ont besoin de repères et que ce long fourreau noir serait peut-être une armure adéquate contre les assauts de la tentation. Bref, en froc ou non, ce fameux soir de Pâques, c'est un Julien anéanti qui poussa la porte massive de l'église : il venait rejoindre son grand Ami tapi dans l'ombre du sanctuaire.

C'était un gisant dans une chapelle latérale, à gauche de la nef. Un Christ en marbre de près de deux mètres. Les guides touristiques ne le mentionnaient pas, car la statue n'était qu'une copie tardive, dans un mélange de style que les experts jugeaient décadent. Julien en était à la fois dépité et ravi, se réjouissant in petto de cet ostracisme : car c'était son gisant, son Christ à lui, son grand Jésus chéri. Il venait pour la première fois le contempler de nuit ; il n'avait jamais osé jusqu'à ce jour, ça lui semblait inconvenant, peut-être trop risqué. Mais ce soir, son désespoir était tel qu'il avait ressenti le besoin viscéral de le voir en toute intimité, de se vider l'âme au pied du spectre de pierre. La plupart du temps, il se contentait, à la fin d'un office (une fois que Berthe, la vieille sacristine, eût achevé ses interminables patenôtres) de faire un léger détour par la chapelle latérale, de contempler la nudité incorporelle de son Ami. Puis, très furtivement, après s'être assuré que l'église était vide, tandis que flottait encore dans l'air un lourd parfum d'encens, il caressait du bout des doigts l'Homme-Dieu sublime, en laissant glisser sa main depuis le front lisse jusqu'aux orteils glacés. La seule audace qu'il s'était autorisée un dimanche de printemps, l'an passé, juste après les vêpres (il n'avait jamais osé avouer le sacrilège à confesse) : en geste d'hommage muet, il avait égrené une fleur de pivoine sur le grand corps livide, avait parsemé un à un les pétales sanguins sur la poitrine et le ventre opalescents. Mon Seigneur et mon Dieu ! Il en avait été si troublé, si violemment remué, que les larmes lui étaient venues et que, sous son aube, il avait intimement senti l'Ascension précéder les Rameaux !

Le Christ gisant était son ami et son confident. Le jour mais aussi la nuit. Julien en était investi corps et âme. Cette proximité le ravissait en même temps qu'elle ravivait en lui une énorme culpabilité. Presque chaque soir (bien que le jeune vicaire s'efforçât de ne pas trop dîner pour ne pas faire de cauchemar), au cœur de la nuit, le fantasme marmoréen quittait l'église et venait s'étendre au creux de son lit, moins gisant qu'à l'église, plus vivant que jamais, enfin ressuscité. Le miracle se déroule toujours de la même manière : le Sauveur est allongé sur la neige du drap, don de Dieu fait aux hommes, oblat immaculé sur le saint corporal. Les mains le long du corps, doigts effilés et stigmates entrouvertes, visage grave, paupières closes, ses longs cheveux bouclés épars sur l'oreiller. Julien est étendu à ses côtés et ses lèvres, d'une lenteur ouatée, explorent cette chair de rêve. Lente glissade sur le font qui tiédit, baiser respectueux dans le nid des paupières, promenade furtive sur la crête du nez, sur la bouche – souffle léger éveillant l'autre souffle – sur la pointe du menton où mousse une barbe dorée. La ventouse chaude butine maintenant l'épaule, ronde et lisse comme un ostensoir, descend dans la plaine ondoyante, vers le val de Jessé, la terre enfin promise où coulent lait et miel. Ombilic accueillant que la langue de Julien explore un court instant. De là un sentier duveteux s'évase jusqu'à la selve ardente. Le pagne est écarté et le prêtre pénètre enfin jusques au Saint des Saints. Ses lèvres folâtrent dans la blonde toison parcourue d'un fumet de myrrhe et d'aloès. La langue se love sous la double custode. Sous cet assaut espiègle, le goupillon de nacre se redresse, le gisant se ranime ! La bouche de Julien remonte alors de l'escarcelle jusqu'au chaton vermeil. La pierre épiscopale brille de tous ses feux. La pente est longue et douce. Soyeuse la peau juste sous l'améthyste. Le désir s'offre de plus en plus. Résistance élastique sous les lèvres gourmandes ; longtemps elles musardent, légères, sur la moire grenat. Sous la caresse, la crosse en majesté donne des coups impatients. Alors, subitement, la bouche concupiscente la gobe, l'enfourne. Le long massage commence. Chuintement régulier. Puissante ondulation. Soudain, tout va très vite : un cri, une plainte cambrée, un abandon voluptueux. Giclées de sève, bonheur opalescent, exquis parfum de rosée baptismale, tiédeur molle du sommeil qui referme ses ailes…

(…)

Julien ne tentait plus de se contenir. C'était une débâcle, la fonte des glaces, un déluge de larmes. Sous les voûtes obscures, amplifiés par l'écho, hoquets et sanglots s'entrechoquaient. Le prêtre se tordait sur les dalles glaciales, tant sa poitrine le brûlait. Inlassablement, il répétait : « Sauve-moi, aime-moi… sauve-moi, aime-moi…» Peu à peu cependant, l'orage se calma et s'éloigna. La litanie tarit comme un ru en été. Julien se releva, mû par un réflexe. Son visage ruisselant n'exprimait ni tristesse ni désarroi mais une sorte de sérénité, une paisible détermination. C'était plus fort que lui, une voix à l'intérieur, une certitude. Désormais, plus rien ne pouvait l'effrayer, tout avait été pressuré et expulsé dans les larmes. Aucun geste ne serait plus déplacé ou impudique, tout avait été d'avance promis et garanti. « Aujourd'hui même, tu seras avec moi dans mon Paradis. » Julien s'approcha donc du gisant puis, posément, comme on s'affaisse épuisé et ravi pour une sieste bien méritée, il s'allongea sur le marbre. Et de longues minutes passèrent, peut-être un quart d'heure, peut-être davantage… Une sorte de torpeur sacrée s'était abattue sur ce couple étrange, mi-pierre mi-chair … Et voici que, par pur miracle, une musique s'éleva. Au fond de son brouillard, Julien l'entendait. Il émergea peu à peu. Non, il ne rêvait pas, il devenait même de plus en plus lucide, critique même. Ce qu'il entendait, c'était bien de l'orgue mais… c'était impossible ! Il n'y avait pas d'orgue dans son église, juste un harmonium asthmatique qu'on avait dû reléguer dans la sacristie. Pourtant, c'était bel et bien un orgue, avec un somptueux positif, - et Julien s'y connaissait ! Et il connaissait ce morceau, il le reconnaissait, il identifia le timbre du cromorne. C'était son choral préféré, la musique amie qui tant de fois l'avait massé et consolé « Jesus bleibet meine Freude », son ineffable BWV 147. Julien était sauvé, avec Bach il était en bonne compagnie, il se sentit revivre. D'ailleurs, il ne frissonnait plus. Une étrange chaleur s'était répandue peu à peu dans la chapelle, une sorte de tiédeur impalpable et diffuse, des fragrances d'encens invisible, des effluves de cire et de miel. Il sembla à Julien que le marbre était de moins en moins froid, moins dur. Même son dos, tout à l'heure endolori, s'assouplissait. Il ressentait une présence, une connivence quasi physique. Toujours étendu de tout son long sur le gisant, il s'était agrippé aux épaules luisantes et froides. Et voilà que ses ongles pouvaient s'enfoncer, pénétrer peu à peu une matière tiède et malléable. Sous ses cuisses, la même impression de vigueur palpitante, sous sa poitrine aussi, sous son ventre, partout, une chaleur ductile, un frémissement, une consistance : d'autres muscles, d'autres viscères, une autre peau, une autre respiration… l'Autre ! Julien comprit d'un coup, ouvrit les yeux. Le Galiléen le regardait fixement. Tendrement. Deux yeux immenses à quelques centimètres des siens, très noirs ou d'un bleu profond, impossible de juger. Julien n'eut pas peur, il se sentait sûr. Quand on est croyant, qu'est-ce qui est le plus ardu ? Transplanter l'Himalaya en pleine mer ou transformer un cœur de pierre en cœur de chair ? La bouche du Christ lui paraissait démesurée, les lèvres soyeuses sous la moustache blonde. Julien crut y déceler l'ombre d'un malicieux sourire. « Ephphatha ! ! » Ce fut son unique parole. Julien, qui connaissait l'araméen en saisit d'emblée le sens. Il ouït et il crut. Et spontanément, comme Marie-Madeleine l'avait elle-même crié au beau jardinier, à l'aube de Pâques, il répondit avec ardeur « Rabbouni » - ce qui dans cette même langue signifie : « Maître chéri ! ». Julien sentit alors que les bras immenses qui jusqu'alors étaient restés inertes le long de l'autre corps frémirent, s'animèrent et étreignirent son dos, au niveau des épaules. Un geste ample et englobant. Une mâle accolade. Que tous soient un ! Désormais, tout était accompli : rien n'était plus simpliste ou compliqué, licite ou prohibé, véniel ou mortel. Tout devenait clair et coulait de source, par-delà bien et mal. Julien souleva légèrement la tête du Ressuscité, écarta l'opulente chevelure, entrouvrit ses mains sous la nuque, ciboire offert au sein des épis d'or. Puis il ferma les yeux et déposa sa bouche sur les lèvres de Dieu…

Le lendemain, un peu avant huit heures, les cloches se mirent à sonner à la volée. Carillon évidemment incongru un lundi matin. C'était allègre et impétueux, tous ces Alléluia d'airain semés aux quatre vents ! La sonnerie se prolongeant, le bourg s'anima. On entendit des volets claquer, des pas dans les rues, des appels étonnés. Qu'arrive-t-il ? Quel jour sommes-nous ? Qui nous convoque ? Que fait l'abbé ? Au bout d'une demi-heure, après quelques vains coups de fil au presbytère, une quinzaine de personnes ahuries s'étaient regroupées sous le porche de l'église. Le bâtiment était fermé, toutes les portes étaient closes, même la porte latérale, même la porte donnant sur la sacristie. Par contre, le presbytère était resté ouvert mais le célibatorium était désert. Impossible de mettre la main sur le moindre trousseau de clé et monsieur le curé restait introuvable. On s'agita, on courut, le maire était parti pour le week-end, on réveilla l'adjoint… et on finit par dénicher le double de la clé, au fond d'un tiroir, dans la salle des mariages. Les cloches sonnaient toujours, à la volée, ça devenait grotesque et indécent un lendemain de Pâques. Lorsqu'on entra enfin dans la sacristie, tous ceux qui étaient là racontèrent ensuite que ce qui les surprit le plus, ce fut cette douce chaleur parfumée qui les accueillait, un mélange ineffable d'encens, de roses et d'encaustique. Thomas, le premier adjoint, se précipita vers le tableau de commandes, dans la penderie des chasubles. Stupeur ! Ni clignotants ni voyants écarlates. Tout était normal. Le chauffage de l'église n'était pas enclenché, ni le mécanisme de sonnerie. Impossible de stopper ! Et les trois cloches continuaient à s'en donner à cœur joie, ding, ding, dong ! C'était assourdissant, on s'entendait à peine, surtout lorsqu'on pénétra dans l'église. Tout paraissait normal : le tabernacle était toujours au rouge, les chaises soigneusement rangées, les vitraux pleuvaient dans la grand nef leur hymne de couleurs. Une magnifique journée printanière commençait ; l'église se dilatait comme une serre odorante et vrombissante. On s'égaya partout, de la crypte à la tribune. Pas précipités, chaises qu'on remue, appels d'abord grêles puis de plus en plus stridents à cause du carillon « Père, Père… ». Soudain, un cri de femme. Tous courent en désordre vers l'absidiole. La vieille Berthe se tient sur la troisième marche, une main serrant son fichu sous son menton tremblotant, l'autre tendue vers le fond de la chapelle, pointant sa funeste trouvaille : plus de gisant. Envolé ! Volatilisé ! Ne subsistait que le socle en chêne massif, recouvert de la moire grenat que les dames de l'ouvroir avaient brodée. À son extrémité, une tache de clarté : un carré de lin, immaculé, soigneusement plié. Par contre, au pied du chandelier, sous les énormes stalactites de cire, un beau capharnaüm : vêtements épars, linge de corps, deux chaussures, un vieux jean en velours… et une robe noire chiffonnée. C'étaient eux, cette fois, qui étaient pétrifiés. Tous massés derrière la sacristine. Incrédules. Puis il y eut comme un déclic, un effroi contagieux ; le troupeau apeuré reflua vers la sortie, certains signaient leurs fronts abasourdis. Et tout là-haut, ébranlant la tribune, les trois cloches sonnaient, sonnaient toujours, sonnaient à grands battants, proclamant alentour la joyeuse nouvelle…


Extrait de COMMUNIONS PRIVEES, 6 nouvelles érotiques gay, Editions H&O, 2002

Post-scriptum :

1/ Comme Henri, mon éditeur, avait rouspété à l'époque ! Ce texte n'est pas érotique, rien à foutre dans ce recueil, etc. Ce fut donnant donnant : cette 6ème nouvelle à la fin du bouquin, sinon rien.

2/ Pour les internautes qui habitent la région, il s'agit de la basilique St Joseph des Fins, à la sortie d'Annecy, en direction de Genève. Franchement, l'architecture de Dom Paul Bellot reste étonnante !