CURE DE POÉSIETHÉRAPIE (25ème leçon)
Par Michel Bellin le vendredi 8 février 2008, 06:59 - Lien permanent
Depuis le 3 août 2007, avant chaque week-end et pour une quarantaine de rendez-vous hebdomadaires (si Pouet-Pouet me prête vie !) je propose à mes aficionados une cure de POÉSIETHÉRAPIE selon les recettes éprouvées de Jean-Joseph JULAUD (Ça ne va pas ? Manuel de poésiethérapie, le cherche midi éditeur, 2001). Un expert ! De quoi aller mieux tout en découvrant ou redécouvrant les plus belles pages de notre Littérature, émollientes ou roboratives suivant le cas. L'idéal – outre les bienfaits pour le mal concerné (migraine, mélancolie, éjaculation précoce, coliques néphrétiques, constipation, insomnie… mal d'amour !), serait d'apprendre par cœur chaque texte puisque la mémoire est un muscle bien trop négligé.
Pour quelques amant(e)s, la St Valentin rime avec chagrin… Guillaume saura-t-il les consoler ?
Pour quelques amant(e)s, la St Valentin rime avec chagrin… Guillaume saura-t-il les consoler ?
25 – CONTRE LE CHAGRIN D'UNE RUPTURE
Elle est partie, n'est-ce pas ? Vous avez mal. Elle ne reviendra pas. Inutile d'attendre en faisant les cent pas.
Elle a tourné le dos et choisi d'autres ciels. Mais tout ce temps passé à dresser vers l'azur des échelles sans fin, tous ces mots disparus vers les cimes aveugles, et ces cris déchirants juste avant de mourir ? Ce n'était rien, c'était pour rire.
Elle a dit, Cécilia ou Anna : tout cela, je l'oublie, je t'oublie, je m'en vais et je refais ma vie.
Alors autour de vous, comme un grand cercle vide, s'est installée l'absence d'elle, et même si quelque autre gravité un peu trop près de ce qui fut son nom, sa chanson, et sa voix un peu lasse, rien ne s'efface, l'absence, l'absence d'elle est éternelle.Elle est partie, n'est-ce pas ? Un mois deux mois, trois ans, cinq ans… Rien ne passe à l'oubli, et tout va comme si, dès le matin, elle tendait l'oreille.
Parce que vous lui parlez toujours. Sais-tu bien qu'aujourd'hui, j'ai entendu quelqu'un qui riait comme toi, et puis j'ai vu aussi la couleur que tu aimes, je t'ai récité un poème.
Le soir arrive, vous ferez les yeux. Et voilà qu'au milieu de la nuit, elle rêve de vous puisque sur le chemin d'un ancien rendez-vous, elle est là.
L'air est doux. La lumière s'affole et surgit de partout. Vous partez tous les deux vers la forêt prochaine. On ne vous reverra pas de la semaine.
Les mois passeront. L'hiver aura changé vos silhouettes. Ce sont deux inconnus qui surgiront ans le printemps, s'aimeront sans mémoire sur les berges du temps.Elle est partie, n'est-ce pas ? Attendez ! Elle commence à peine à traverser l'éternité. Cherchez-la, même si le regard vous abandonne, même si vous n'êtes plus personne, plus qu'un souffle, un nuage, le rouge d'un couchant qu'on ne regarde pas. Celui que vous serez reconnaîtra son pas.
Et puis, pour attendre ce moment, apprenez par cœur et récitez, chaque fois que vous avez mal, chaque fois que c'est nécessaire, l'Adieu d'Apollinaire
L'ADIEU
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends.
Guillaume Apollinaire
Notre conseil : Si vous êtes une femme transie ou un gay enamouré, remplacez tous les pronoms personnels « elle » par le pronom « il ».