Cette nuit, le cortège de Dieu est entré dans mon rêve. Incroyable, n'est-ce pas ? À peine levé, j'ai bondi sur mon clavier pour narrer cette visitation. Je me tenais derrière le pupitre du chœur, comme à l'accoutumée, occupé à rechercher fébrile une introuvable oraison. L'assemblée s'impatientait lorsque soudain le cortège est entré. À sa tête, l'air grave et sublime, des dizaines de pages vêtus de pourpoints ou d'armures, je ne me souviens plus, ce que je me rappelle, la seule chose qui m'ait frappé, c'est l'or étincelant sur leurs jeunes poitrines… une dorure hors du commun, insoutenable, éblouissante… comme un fleuve mordoré qui avançait vers moi en ondulant. Une cohorte aux mille éclats ! C'est cette splendeur coruscante qui, tel un flash, m'a brusquement réveillé alors que Dieu en personne était sur le seuil, Il allait le franchir, j'allais enfin apercevoir Sa face ! Trop tard, j'avais les yeux ouverts. Encore si émerveillé, si incrédule, si enthousiaste par cette procession d'or que j'en oubliai d'être déçu. La splendeur du Maître avait été éclipsée par une procession dorée et cette vision annonciatrice avait suffi à mon ravissement !

Ce matin, alors qu'au dehors la tempête fait rage, mes pupilles brillent encore de cette épiphanie nocturne. Et bien sûr, mister Freud, je me garderai bien d'interpréter !