RÊVE POUR L-HIVER
Par Michel Bellin le jeudi 6 décembre 2007, 06:38 - Lien permanent
« J'ai soupé en humant l'odeur des soupiraux d'où s'exhalaient les fumets des viande et des volailles rôties des bonnes cuisines bourgeoises de Charleroi, puis en allant grignoter au clair de lune une tablette de chocolat fumacien… »
Le lendemain de ce court billet à son vieil ami de collège Léon Billuart à Fumay (Ardennes), notre jeune poète taquinait la muse dans une voiture de chemin de fer.
Rêvons avec lui quand la pluie bat les carreaux et que le froid s'installe ! Surtout l'ennui grisaillant…
Le lendemain de ce court billet à son vieil ami de collège Léon Billuart à Fumay (Ardennes), notre jeune poète taquinait la muse dans une voiture de chemin de fer.
Rêvons avec lui quand la pluie bat les carreaux et que le froid s'installe ! Surtout l'ennui grisaillant…
A… Elle.
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres du soir,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup…
En wagon, le 7 octobre 1870
Arthur Rimbaud, Poésies, Bibliothèque de La Pléiade, 1963
Un mois plus tard :
(…) Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. Que voulez-vous, je m'entête affreusement à adorer la liberté libre, et… un tas de choses que « ça fait pitié », n'est-ce pas ?
A Georges Izambard,
Depuis Charleville, le 2 novembre 1870