« … il s'avère que votre ouvrage est arrivé à épuisement ; les ventes potentielles ne nous semblant plus toutefois suffisantes, nous n'avons pas l'intention de faire un retirage. »

Un de mes éditeurs m'annonce par courriel la fin d'un de mes livres. Exit. Ni fleurs ni couronnes. Du coup, bêtement, ça me fait un choc. Je ne m'y attendais pas, flottant sur mon petit nuage de gloire. Il est vrai qu'avec près de 3000 lecteurs et deux éditions successives pour un petit recueil de nouvelles érotiques, je n'ai pas eu à me plaindre. Il n'empêche, je tombe des nues. Bêtement bis. Pourtant je savais… je savais où réside l'illusion, je savais que je serais forcément dégrisé. Un jour ou l'autre. Ce jour est arrivé. Ah ! ces auteurs géniaux qui s'imaginent que leurs bouquins leur survivent (alors que souvent ils les précèdent) ! Comme tous les artistes. Comme tous les parents avec leur progéniture dont ils ont besoin pour exister. Gouzi gouzi areu areu… Le réel est moins sublime : les livres ne sont que des petits tas de cellulose destinés à tomber en poussière. Les éditeurs, des épiciers qui font leurs comptes. Les écrivains, des nains rêvant d'immortalité. Et, cerise sur le kouglof comme dirait mon Loïc, parti en fumée avant même que paraisse son roman, naître c'est déjà mourir et vivre, c'est perdre du terrain. J'étais pourtant prévenu et ce n'est pas pour rien que j'ai choisi, en exergue de mon site littéraire, la phrase fondatrice de Zola : « Quand la terre claquera dans l'espace comme une noix sèche, nos œuvres n'ajouteront pas un atome à sa poussière. »
OK, Emile, tout à fait d'accord avec toi mais tu peux comprendre aussi cela : quand le verdict tombe (condamné à mort !) qu'est ce que ça fait mal !