Elle approche la grande Fête dégoutante.
Il n'y a qu'à voir à l'étal les monceaux de foie gras en veux-tu en voilà, les piles de « Mon Chéri » rutilants, la déferlante d'écrans plasma, de parfums relookés, de « beaux livres » enrubannés… Même pas besoin d'évoquer l'Irak ou les sans-abri : en soi, cette profusion est fascinante par sa démesure et son indécence. J'ai même aperçu hier après-midi, avenue de Clichy, sur une bouche de métro, un clochard déguisé en Père Noël ! Il avait cru bon de singer la société qui le méprisait pour mieux l'amadouer. Misère ! Gadgets de pacotille pour Désir en berne. Barnum des marchands de bonheur et des pilleurs de nostalgie. Même mes jérémiades désormais rituelles, à chaque solstice d'hiver, m'écœurent et m'exaspèrent. Pourquoi vouloir que ça s'arrête ? Envie de fuir, de vomir, de m'absenter.
Retour à la littérature. Lamiel, ce personnage du roman inachevé de Stendhal. Pour savoir enfin ce qu'est l'amour, elle paie 10 francs pour qu'on la dépucèle au coin d'un bois. « Il n'y a rien d'autre ? » soupire-t-elle ensuite. Elle donne 5 francs de bonus. Une fois son initiateur décampé, déconvenue redoublée. « Quoi ! L'amour, ce n'est que cela ? Il vaut bien la peine de le tant défendre… »

Et si Noël rimait avec Lamiel ? Ce n'est donc que ça ? Il vaut bien la peine de tant rêver, de tant bouffer, de tant faire danser les picaillons pour célébrer l'Enfançon à la con !