Dans son édition du samedi 27 octobre, LE MONDE évoque la fronde d'une trentaine de jeunes prêtres français contre le retour annoncé de la messe en latin selon le rite de saint Pie V. Ce mouvement de base est sympathique et si inédit en christianisme qu'il mérite en effet d'être relevé. Je me demande pourtant si ces clercs ne se trompent pas de combat. Au début de notre ère, un jeune rabbi palestinien de leur âge ferraillait dur, en actes et en paroles, contre l'establishment pharisien pour que toute la racaille de Galilée et de Samarie pût accéder au Royaume de Justice. On dit qu'il en est mort. Qu'ont dit jusqu'à ce jour nos fringants abbés sur la misère dans le Sud, sur les inégalités dans nos banlieues pourries, sur les impasses de la fin de vie dans nos mouroirs aseptisés… mais aussi sur l'ingérence politique du Vatican, sur les scandales de la Banque du St Esprit, sur éthique catholique concernant la contraception, l'avortement et la lutte contre le sida, qu'ont-ils dit sur le statut affectif et sexuel des prêtres consacrés, sur l'exclusion brutale des jeunes candidats homos au sacerdoce ? Quel silence assourdissant ! Quelle pieuse réserve ! Quelle vertueuse abstention de pétition ! « L'ancien rite en soi n'est pas mauvais, mais on ne l'a jamais connu, il ne fait pas partie de notre histoire. » plaident-ils. Jésus, si ! Or, cette histoire-là se joue d'abord dans l'histoire des hommes, dans leur chair, leurs larmes, leur sueur, leur sang, leur sperme… pas dans les sacristies ! Sinon, leur religion d'amour restera – comme je le crois – une fade et inoffensive illusion et cette fronde ecclésiastique, une tempête (médiatique) dans un bénitier.