Quelques extraits au fil des jours :

 Ce matin, en même temps qu’une ballade de Chopin, c’est ton beau visage qui m’éveille et m’émerveille et je murmure : « Omi, Omi chéri… » Courage pour ta longue journée que je souhaite fructueuse. De courage, tu n’en manques pas. Ni de persévérance. Moi, à mon âge, dilettante et paresseux de surcroît, j’ai plus de temps. Je veux te le consacrer sans brûler les étapes, puisque tu me le demandes. Sans impatience, je vais donc à la rencontre de mon cher amour. C’est ce soir ! En attendant, au fil des heures t’accompagnent mes pensées douces et fiévreuses. Inch Allah ! Jul

 La manif à Saint-Cloud a été très chaude car notre petit groupe fut piégé puis assiégé par le FN. J’ai failli être écharpé. Je rentre écœuré. Tout ça pour une affiche de film odieusement et lâchement censurée par un connard de maire ! À tout à l’heure, mon bel amour, je te raconterai. Mais sans doute auras-tu bien d’autres choses à me narrer : dans tes bras et sur ta bouche, dans le silence haletant très loin des cons braillards, je me sens réconcilié avec le genre humain !

 Sous les doigts du pianiste Alfred Brendel, c’est un impromptu de Schubert qui m’éveille aujourd’hui. Double bonheur : dans cet écrin de tendresse, aussitôt ton visage se dessine, mon cœur ! Inséparablement mélodie et icône. Suavement. Bonjour et courage pour ces dernières heures de boulot mais après l’effort, dit-on, le réconfort ! Je vais t’attendre sans ronger mon frein, sans m’énerver ni même bander ! Juste me parer le cœur d’ici trois ou quatre heures – interminables ! – car, dans la maison du bonheur, la plus grande pièce est la salle d’attente.

 Hello, Omi chéri ! Oui, je suis heureux de t’écrire de bon matin. C’est notre rituel d’amour. Bon jour ! (En deux mots, c’est mieux.) Comme je pianote depuis ma mezzanine, volets encore clos, je ne sais ce qui nous attend : grisaille ou beau temps ? Qu’importe, ce que je sais depuis le 27 mai dernier : quand on aime, on n’a plus droit au soleil de tout le monde et c’est mieux : on a chacun son soleil pour soi ! Bonne journée, bon soleil et vite à ce soir. Le restaurant « Bel canto » va combler nos oreilles et nos papilles. Au métro Cité à 20h 30. J’espère arriver le premier pour voir émerger de la station mon grand soleil qui séduit mes yeux, embrase mon sexe et fait battre mon petit cœur de midinette ! Doux baisers. Jul

 Très cher, ce n’est pas encore aujourd’hui que tu échapperas à mon sms matinal. J’espère que ma persévérance ne te lasse pas ni ne te contrarie. Pour moi, c’est ma façon de reprendre contact avec mon gentil, de lui prendre la main en chuchotant à son cœur. J’ai été très heureux de notre soirée en tête à tête, au cœur à corps encore et encore ! Et tes ultimes caresses sur le pas de la porte m’ont enivré. Sais-tu qu’en arrivant chez moi il m’a fallu enduire mes lèvres d’un peu d’huile d’amande douce, tant ton ardeur les avait poncées ! Et n’as-tu pas susurré pour finir certaines choses qui m’ont interloqué ? Je n’en crois pas mon cœur. Ai-je bien ouï hier soir tes mots inouïs ! En tout cas, comme il m’en coûte chaque fois de décoller ma bouche captive, de m’arracher à tes bras, de me dessouder de ton ventre d’acier… pour repartir dans la nuit. Seul ! Mais je ne suis jamais triste. Je fredonne de bonheur sans même me retourner pour vérifier si tu t’es mis à la fenêtre. Je ne sais qu’une chose : te quitter trop tôt, c’est revenir bientôt. Donc à samedi et passe une bonne journée, si possible sans stress ni vertige. Il faudra qu’on reparle de tes problèmes de santé qui me préoccupent. Promis ? Signé : Jul, ton amoureux comblé par ton doux et inespéré aveu…


Extraits de « L@mour texto suivi de Tanger à tout prix », kindle/Amazon, octobre 2013.


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