Autour de l'ex-voto,
La neige se met à fondre.
Signe de renouveau ?
C'est en tout cas plus pratique
Pour cueillir ou picorer
Les derniers mots…



Il s'agit de mon dernier livre, l'ultime opus, le der des der. L'ultime, vraiment ? Eh bien oui, c'est à peine croyable mais c'est véritable car l'auteur n'est pas du genre à se dédire, comme ces stars du rock décaties qui passent les dix dernières années de leur existence à faire leurs adieux à la scène ! À l'heure de cette naissance printanière qui prend des allures d'agonie bouffonne, je suis partagé entre le soulagement et la consternation. Mais tel est mon choix. Donc, c'est décidé, À BELLES DENTS, chroniques hypertrophiques, Gap, 2011 sera, sinon mon chant du cygne, du moins le couac de l'affreux petit canard – comme je l'explique dans la vidéo You-Tube en ligne sur la page d'accueil du site (cours-y, c'est déjà un must !) Auteur-loser, auteur en or… et fier de l'être !

Ensuite, rideau, botus et mouche cousue et plongeon dans la mare ! En attendant, j'espère que quelques lecteurs rescapés, entre rires et larmes, continueront avec moi de croquer à belles dents dans cette pute de vie qui garde, malgré tout, quelques attraits… avant la débâcle finale. Et pour finir, en apéro, la 4ème de couverture et une émouvante icône en forme de reliquaire.




Michel Bellin

À belles dents

Pas facile ni très jouissif de croquer la vie à belles dents quand les gencives ne suivent plus (voir la drolatique chronique éponyme) ! Encore moins aisé lorsque l'époque est consternante - pour ne pas dire inquiétante - et que maints bipèdes, jusque dans les plus hautes sphères, déshonorent le beau nom d'Homme. N'est-il pas significatif que les “vœux citoyens ” qui ouvrent le livre moisissent un an plus tard en “confiture et déconfiture ” politiciennes, avec des rafales de kalachnikov dans l'air glacial !

Vivre néanmoins, vivre pleinement, joyeusement survivre, tel est le pari de celui qui, sur le site du Monde où il fit paraître en 2010 chroniques et commentaires, s'autoproclame tour à tour “obsédé textuel ” et “apprenti en humanité ” quand ce n'est pas “ auteur-loser ”.

C'est dire combien forte est la tension entre acharnement réflexif et lâcher-prise hédoniste, coups de cœur et coups de sang, abattement et sursaut, orgueil et autodérision… surtout lorsque le corps reprend à juste titre ses droits en transmuant les suavités de l'âme en vesses traîtresses ! Au bout du compte, une électrisante tension entre l'écriture et la vie, selon le projet éditorial de l'auteur - le seul qui vaille à ses yeux : écrire sa vie, vivre son écriture. Et rire, d'abord de soi-même plus que de ses congénères, rire une fois par jour au moins pour ne pas devoir en pleurer ou… se taire à jamais ? À belles dents est donc un recueil à la fois grave et léger, métaphore du deuil et du sursaut vital.

À noter que pour cette édition papier qui brise le carcan du nombre de caractères imposé, les chroniques ont été patiemment et librement retravaillées, certaines réunifiées, développées ici, là dégraissées. D'où un surcroît de tranchant, parfois de nuances, dans tous les cas une belle patine littéraire.

Michel Bellin est l'auteur d'une œuvre abondante et variée : roman, récits, nouvelles, aphorismes, pièces de théâtre… Ce journal de bord est son 17ème ouvrage.

Couverture : reliquaire dentaire (création de l'auteur)

ISBN : 978-2-7417-0425-6 21 €