PLAIN-CHANT
Par Michel Bellin le samedi 30 octobre 2010, 03:17 - Lien permanent
Décidément, le poème de Cocteau que j'évoquais hier est trop beau pour n'en citer que quelques vers. Donc, d'autres strophes ci-après.
En fait, mon texte ronflant sur les... ronfleurs, c'était sourire pour ne pas pleurer ! Lorsque la nuit parfois, dans l'insomnie, je me récite "Plain-Chant", nos doigts chauds entrelacés et dans mon cou sa bouche qui dort, telle une lame de fond, profonde et muette, je sens monter une tendresse... une détresse immense.
Alors, sans bruit pour ne pas l'éveiller, je me lève et comme ce matin (à trois heures !), je retrouve mon blog et me confie à lui, pour conjurer le sort, pour trouver réconfort...
En fait, mon texte ronflant sur les... ronfleurs, c'était sourire pour ne pas pleurer ! Lorsque la nuit parfois, dans l'insomnie, je me récite "Plain-Chant", nos doigts chauds entrelacés et dans mon cou sa bouche qui dort, telle une lame de fond, profonde et muette, je sens monter une tendresse... une détresse immense.
Alors, sans bruit pour ne pas l'éveiller, je me lève et comme ce matin (à trois heures !), je retrouve mon blog et me confie à lui, pour conjurer le sort, pour trouver réconfort...
Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.
Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.
Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.
Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.
Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.
Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.
Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.
Extrait de "Plain-Chant",
Poésie/Gallimard