Pour celles et ceux qui ne bronzent pas idiot, je propose un petit cours de rattrapage sur les philosophes majeurs de la tradition occidentale. Bien incapable moi-même de mitonner ce genre de synthèse, j'ai fait appel à Jan Marejko et à son livre intitulé « Philosophe, moi aussi… » (Que sais-je ? 1996). Ici ou là, au gré de mon adhésion personnelle à tel ou tel de mes favoris (Alain, Epictète, Epicure, Marc-Aurèle, Montaigne, Nietzsche…) j'ai glissé quelques ajouts personnels.

Relisant ces jours le petit ouvrage de Marejko, je me suis dit que ces 33 brèves notices ainsi augmentées pourraient intéresser certains internautes. Bien sûr, le but n'est pas en quelques lignes d'offrir un condensé encyclopédique sur chaque Sage, mais de provoquer une curiosité, d'ouvrir une béance, une sorte d'émotion intellectuelle, l'envie – dans ce monde de baufs et de dingues qui nous cernent – de mettre un peu de sens dans sa propre existence, de cohérence, ici de la rigueur, là de la saveur, et pourquoi pas de la contradiction ! non pas en pensant en l'air mais en dialoguant avec nos grands aînés.

J'ajoute que rien ne me semble plus essentiel, parfois plus jouissif, si bien sûr on est d'accord avec la formule de Comte-Sponville (que personnellement j'aimerais ajouter à la liste des 33) : « Philosopher, c'est penser sa vie et vivre sa pensée. » Il fait aussi sienne l'indépassable formulation d'Epicure : « La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » Car c'est aujourd'hui qu'il faut vivre et tâcher d'être heureux. C'est aujourd'hui qu'il faut penser. Et ne compte, chez Epicure ou Pascal, chez Marx ou Spinoza, chez Rousseau ou Sartre, que ce qui peut – aujourd'hui – nous aider à penser… et à en tirer du bonheur !


ARISTOTE
384-322 av. J.C.




L'esprit humain a naturellement tendance à se précipiter vers l'absolu pour trouver une explication ultime. Cet élan vers l'absolu, nul philosophe ne l'illustre mieux que Platon, raison pour laquelle il est resté le père des poètes et des mystiques.Son élève, Aristote, est celui qui a voulu réfréner cet élan afin que plus d'attention soit donnée à la matière des êtres et des choses, à leurs interactions, à leur mode de fonctionnement, à leurs caractères spécifiques, bref, à l'examen scientifique du cosmos. Aristote a si bien réussi dans cette entreprise que ses œuvres ont constitué l'essentiel de la science occidentale pendant deux mille ans.

Au Moyen Age, on l'appelait « le philosophe », tant était grande sa réputation. Mais il n'y a pas que de minutieuses observations chez Aristote, car alors il eût été le père des empiristes, ce qu'il n'est pas. Il y a aussi une attentive prise en compte des avis de ses prédécesseurs et une discussion approfondie des contradictions ou distinctions qu'il y a entre eux (méthode reprise 16 siècles plus tard par St Thomas d'Aquin). Par là, il nous montre la puissance de la raison à éclairer un objet non seulement par ce que nos sens nous en disent (empirisme) mais aussi par la prise en compte des différents avis exprimés sur cet objet (rationalisme).

L'essentiel des conclusions d'Aristote est que toute chose, dans l'univers, est portée ou animée par une force qui la pousse à être plus qu'elle n'est, devenant ainsi ce qu'elle est vraiment : une graine de fleur « veut » devenir une fleur.


Post-scriptum : faut-il croire au hasard ou à la providence ? C'est en préparant cette notice, en furetant sur Internet, que je découvre un jeune philosophe suisse qui d'emblée me touche et m'enthousiasme. Martyrisé dans son corps infirme, il enseigne la joie, reprenant d'ailleurs la recherche d'Aristote qui, dans « l'Ethique à Nicomaque » s'interroge : tout le monde aspire au bonheur et tout le monde se plaint. Car on le recherche là où il ne se trouve pas ! Il n'est pas dans la richesse mais peut-être dans la rencontre et dans la joie qu'elle procure : s'ouvrir et sourire à la richesse de l'autre ! Bref, j'allais oublier de donner le nom de ce Sage pour aujourd'hui (préfacé par Onfray) et le site où l'on peut le découvrir : Alexandre Jollien, disciple d'Aristote (et d'autres) sur http://www.alexandre-jollien.ch/edito.htm

A suivre avec AUGUSTIN (saint)