Il y a quelques jours, juste avant d'entrer en scène, je me battais avec un bouton de manchette ! L'Ami qui était là pour me soutenir (ce n'est pas rien de faire 6000 kilomètres) s'est précipité pour me venir en aide. La photographe a immortalisé cet instant fort banal.



Simple assistance technique, n'est-ce pas ? Et pourtant, en visionnant ensuite les photos de ma soirée de gala, j'ai été violemment ému : quel symbole ! Une sorte de trinité harmonieuse dessinant une alliance, un pacte. Ces mains sont déjà un peu tavelées, mais ce sont de belles mains, habiles, viriles, habitées par la tendresse. Deux s'appliquent, l'autre s'abandonne. Aucun mot inutile ! Lui, il aime tellement les mains et sait tellement les étreindre même s'il est (de moins en moins) cet “handicapé affectif ” que, par pudeur ou auto-défense, il prétend être. En voyant cette image, j'ai immédiatement déliré, imaginant une légende rocambolesque : « Photo prise le 19 juin 2022, quelques instant avant d'entrer à la mairie. » Date tardive tant la fiction est improbable ! « Grotesque ! » s'esclafferait-il. « Tellement romantique ! » soupirerais-je. Mais qu'importe le cérémonial, seule compte l'icône emblématique. Qu'importe si demain n'arrive jamais. Le présent seul. Ici et maintenant. Et j'aime qu'au surlendemain de la journée mondiale de tolérance et de concorde entre les sexes, il soit ainsi gravé en couleurs sur mon blog combien l'amitié amoureuse (cet amor amicitiae que vantait Cicéron) entre deux hommes – ou deux femmes – est belle, noble, aisée, paisible et si naturelle… Et combien le corps, même sans estampille officielle, est lyrique et poétique à sa manière. C'est sans doute pourquoi, d'une manière prémonitoire, j'avais choisi comme épigraphe de mon avant-dernier opus (dont O*** est le dédicataire) cette phrase lumineuse de Jocelyne François (dans “Joue-nous España”) : « Pourquoi est-ce un bien si précieux d'avoir sa main dans la mienne ou ma main dans la sienne ? Pourquoi une main en apparence immobile détient-elle autant de vie ? Pourquoi tout projet cesse-t-il, là, à cet instant comme si demain ne devait jamais arriver ? Pourquoi cette joie ? »