En 1960, le docteur Antoine Porot pense que : "à chaque cas d'homosexualité, il y a des facteurs étiologiques à rechercher, un pronostic à établir, une thérapeutique à envisager. On ne peut expliquer l'homosexualité en général mais on peut l'expliquer au cas par cas". Ce brave docteur a certainement dû avoir beaucoup d'heures de travail dans son cabinet !

Toujours en 1960, le docteur américain Clifford Allen énumère les causes psychologiques de l'homosexualité dont les deux principales sont : "la haine de la mère ou l'amour excessif de la mère et la haine ou l'amour excessif du père". CQFD !

Le 22 juillet 1960, l'Assemblée Nationale adopte une loi définissant l'homosexualité comme un fléau social au même titre que l'alcoolisme et la prostitution. Le nouvel ordre qui se met en place "grâce" à la reprise en main autoritaire de la France par De Gaulle, part en chasse contre les marginaux. L'homosexuel est désigné à la réprobation et à la persécution publique. Mais le changement des mentalités était déjà en cours dans les grandes métropoles et l'initiative des députés provoqua à Paris, un effet contraire à celui qu'ils espéraient. Un énorme éclat de rire, presque unanime, accueillit le nouveau texte législatif dans tous les milieux culturels et intellectuels. L'hilarité déclenchée par cet amendement révéla un net progrès dans les mentalités : désormais, le pouvoir devrait respecter et tenir compte de l'avis de la population qui devenait mature ; il y aurait des choses que les gouvernants ne pourraient plus décider à sa place. Il ne faudrait plus lui faire croire n'importe quoi au nom de la "bonne morale".

A partir de cette année-là, et surtout après 1968, enquêtes véritablement objectives, et plaidoyers à visage découvert se multiplient malgré les campagnes gouvernementales ou psychanalytiques qui essayent de rétablir l'ordre moral (nous pourrons nous en rendre compte ci-après). Un vent de liberté soufflait sur tous ces dictateurs en tout genre. La France devenait militante pour ses libertés individuelles. Par les excès grotesques de ses derniers représentants qui continuaient à plaindre les homosexuels de leur sort et qui ne se rendaient pas compte de leur acharnement ridicule sans rapport dans cette société nouvelle, on découvrait que le discours médical sur l'homosexualité n'avait été, depuis le début, qu'un énorme et ininterrompu sottisier. L'homosexualité était reconnue comme modalité de la nature humaine. Il ne restait plus qu'à détruire dans toutes les mentalités : 7 siècles de mensonges au nom de l'Eglise, d'accusations au nom du peuple, d'esclavage mental au nom de la loi ; 7 siècles d'influences, de préjugés, de naïveté, de crédulité... 1 siècle d'éducation moraliste et paternaliste, 1 siècle d'amoncellement de théories absurdes que nous venons d'énumérer en partie, mais qui faisaient force de loi.
Désormais, on ne se demandera plus : pourquoi sont-ils ainsi ? Comment le sont-ils devenus ? Mais : combien sont-ils ? Comment vivent-ils et comment veulent-ils vivre dans notre société ? Quelles sont leurs mœurs ? Quelles sont leurs aspirations ? La psychanalyse laissait place à la sociologie. Cependant, l'intolérance n'a pas désarmé entièrement. Les adversaires de plus en plus isolés devenaient de plus en plus agressifs, révélant le caractère avilissant et nocif de leur volonté à gouverner l'esprit des gens.

En 1963, selon le docteur Morali Daninos, "l'homosexualité, quoiqu'on en dise, reste un fléau social. Certes, il faut l'expliquer comme perversion et non comme crime. Mais si elle reçoit un semblant d'approbation, elle arrivera à l'abolition du couple hétérosexuel, de la famille et de la société occidentale". Les couples hétérosexuels ont-ils vraiment besoin des homos pour se disloquer ?

En 1966, le docteur Marcel Eck qui si disait psychiatre catholique (?) implore les victimes de se faire soigner. "L'homosexualité, je vous en conjure est un fléau social ; je puis vous affirmer que je n'ai jamais vu dans mon cabinet, d'homosexuel qui ne présente des troubles névrotiques" Phrase citée par le docteur dans une conférence à l'Institut Catholique. L'hétérosexualité compte aussi des dégénérés, des maniaques, des malades... Qui va dans un cabinet de psychiatre ? Evidemment, des gens qui ont des troubles psychiques. Des homosexuels bien dans leur peau et dans leur tête ne fréquentaient pas son cabinet. "Docteur, je viens vous voir car je vais très bien ! "

En 1967, pour les docteurs Jean Laplanche et J.B. Pontalis. "Il faut mettre l'homosexualité à l'article de la perversion au même titre que la pédophilie et la bestialité. Laisser user de son corps comme celui d'une femme est indigne d'un homme".

En 1970, docteur J. West " un fléau de cette envergure... Les homosexuels sont par nature de leur condition, des personnalités anxieuses et découragées qui n'arrivent jamais à une réalisation personnelle complète."

La même année, le docteur Giacomo Dacquino affirme que "l'homosexuel est un immature affectif qui, en tant que tel, vit ses rapports affectifs et sexuels à un niveau infantile".

En 1971, Docteur Jack Beaudouard, psychologue, médecin dans la marine. "L'homosexualité est la faillite d'une socialisation harmonieuse qui traduit la faillite plus profonde de la personnalité. Le jeune homosexuel ne réalise pas pleinement cette insuffisance, mais en vieillissant, il mesurera avec désespoir sa solitude et son inutilité socio-familiale" (c'est probablement ce qu'il prêchait à ses petits matelots qu'il surprenait à jouer à touche-pipi).

En 1971, Docteur Andréa Romero "Il n'y a pas d'homosexuels heureux. C'est un malheureux qui aime sa propre image. Immaturité du moi qui le rend incapable d'agir en adulte responsable. La psychanalyse peut agir efficacement dans de nombreux cas".

En 1972, docteur Yves Pélicier : "je classerais l'homosexualité dans la liste des perversions, entre le fétichisme et la pédophilie".

Même année, docteur Gérard Zwang : "je voudrais que tout le monde soit heureux. Hélas, les homosexuels sont exclus des bienfaits que répand la société d'abondance et ce pour trois raisons :1) Ils n'ont pas connu les délices de la femme"...(lui, n'a pas connu le délice de l'homme et je suis sûr qu'aucune femme ne me contredira, sauf évidemment les lesbiennes) 2) « Ils sont les victimes d'un arrêt malheureux de l'évolution érotique » 3) « Ils fuient leurs responsabilités procréatrices. Ils ont la facilité à se satisfaire de passades rapides. L'humanité de l'homosexuel reste strictement incomplète, inachevée. Cependant, je ne leur en veux pas et je souhaiterais les voir plus ouverts aux joies de la vie. La plupart d'entre eux ne sont pas fous du tout et fonctionnent très bien par ailleurs. Il y en a même qui vont à la messe. Ce peuvent être des gens dignes à qui l'on peut serrer la main".

En 1973, docteur Eliane Amada Levy-Valensi "Peur de la femme, refus de l'autre, conséquence de l'absence d'une véritable civilisation du couple, l'homosexualité reste l'impasse de la non-fraternité et de la non-vie".

En 1975, pour l'abbé Marc Oraison "l'homosexualité est le résultat d'une anomalie d'évolution affective et psychologique dont l'origine se situe dans la toute petite enfance. J'avoue avoir cru à leur perversion morale et à leur culpabilité. Je les reconnais, aujourd'hui, innocent de leur mal et leur offre mes services pour les aider à se libérer dans le sens d'une hétérosexualité pleinement accomplie".

En 1977, docteur Emile Meurice, psychiatre : "On rencontrera surtout l'homosexualité accidentelle chez les débiles mentaux légers".

Même année, docteur Jacque Durandeaux : "Ce qui les arrête devant l'organe de la femme, c'est précisément qu'il est censé avoir ingéré le phallus du père. Ce qui est redouté et craint dans la pénétration, c'est précisément la rencontre avec le phallus du père." (?) Tiens papa, tu as encore oublié ton truc dans la dame...

Egalement en 1977, docteur Pinon Frezza : "La vie des homosexuels est triste et solitaire mais ne désespérons pas. On peut éviter l'homosexualité par une pédagogie appropriée et en guérir par une cure opportune".

Toujours en 1977, docteur Henri Amoroso : "Les homosexuels sont dotés d'une méchanceté mesquine, de zozotements, d'une démarche trotillante et sémillante, signes de nécrose obsessionnelle. Que ces gens-là vivent puisqu'ils sont là, mais qu'ils se cachent, qu'ils n'osent pas s'afficher. Honte à ceux qui ont voulu salir le pape VI et enlever leurs illusions aux sept cent millions de catholiques, une majorité d'enfants, de vieillards affaiblis, qui s'accrochent désespérément à l'image d'un saint homme. A la porte, les pourrisseurs patentés" (en réponse à un roman humoristique de Jean-Louis Bory "Le Pied" ; le docteur appela son livre "Le contre-pied").

1988, Françoise Dolto, psychanalyste de la jeune enfance. "Si l'homosexuel est ce qu'il est, c'est la faute des parents. A vouloir soigner l'homosexuel, on oublie de prendre le mal à sa source. L'homosexualité est toujours le résultat d'une évolution psychique entravée par des difficultés familiales : mère phallique autoritaire, père trop sensible, trop sentimental à l'égard de l'enfant. Les parents doivent aider l'enfant à déterminer son rôle futur, à se diriger vers une option génitale réceptrice pour la fille, émettrice pour le garçon" (mais alors, l'hétérosexualité, ça s'apprend ???).

Enfin, un chapitre entier devrait être consacré à Tony Anatrella, prêtre et psychanalyste (?!). Quelques trop courts extraits tirés de mon dernier livre (Impotens deus) : « Pour lui en effet, tout est translucide, patent, quasiment révélé ; le doute n'est pas permis et l'affaire entendue : les homoparents ne sont que des « négationnistes de la différence sexuelle», des « pervers narcissiques », des « meurtriers des symboles », des « pilleurs des rôles et des fonctions familiales ». Bref, notre « vision de la filiation trafiquée » ressemble « à l'architecture monstrueuse des années 60 qui a défavorisé les cités. »

Voilà un échantillon infime des pensées et théories "enrichissant" l'évolution de l'homme durant un demi-siècle. A noter également que l'épidémie de sida a provoqué dans les années 1980, un regain de sottises, d'accusations et d'infamies. Partout dans le monde occidental, dans un élan d'espoir, certains nostalgiques du passé ont tenté de remettre au goût du jour les anciennes théories. Parallèlement à tous les « experts » cités auparavant, qui jouaient avec les esprits de nos ancêtres et réglementaient leurs mœurs et leur vie sociale et familiale, de nombreux écrivains ont tenté de marquer l'histoire de leur plume, et ont laissé de grandes traces sur la vie et coutumes de nos anciens.

L'histoire laisse place au présent, mais ce n'est pas encore une histoire apaisée. Certes, on ne parle plus des pédérastes ou des antiphysitiques. Les parapathes, les uraniens sont devenus des homos, des pédés ou des gays. Mais, chez bon nombre de pseudo savants et de psy, on cherche encore à expliquer sous le microscope la fameuse « différence ». Pour mémoire, si au siècle passé l'homosexuel antiphysique avait une verge déformée et canum more ainsi qu'un anus infundibuliforme, infesté de ragades et de fistules, en 1992, deux scientifiques américains Roger Gorski et Laura Allen affirmaient qu'un faisceau de nerfs serait plus volumineux chez les homosexuels, et que ce faisceau jouerait un rôle dans le désir sexuel : noyau intersticiel de l'hypothalamus antérieur atrophié faisant passer l'homo de malade mental au siècle passé à handicapé physique au siècle à venir...

On note, à nouveau que c'est l'acte sexuel qui prédomine dans la pseudo explication scientifique mais jamais l'affection et le sentiment d'amour. Or, entre l'amour et l'amitié - quels que soient les corps voire les sexes concernés - y a-t-il vraiment une grande différence ? Une priorité ? Une hiérarchie ? Donc apologie et exclusivité d'un côté, disqualification et ostracisme de l'autre ?

Réponse (en chanson) après-demain !