J’ai parlé à Florian de mon projet littéraire : un éloge de la masturbation. Florian est mon jeune neveu. C’est un savant très érudit, très boutonneux, teint biliaire, lèvres minces, lunettes ès lettres, rostre d’Adam surplombant de longues et cireuses mains chrétiennes et sa braguette a le charme poignant du Plat Pays. Un atout de taille néanmoins : son menton à la Kirk Douglas qui lui donne un air espiègle autant que volontaire. Flo est psychosocioplasticien à Assas. Il a un potentiel cérébral énorme (pratiquement deux cerveaux, alors que le commun des mortels en a deux également, mais pas les mêmes : un petit et un gland). Bref, le savant de la famille sacrifie temps et énergie sur l’autel de la Sémiologie (il m’a avoué ne se branler qu’une fois l’an et seulement les années bissextiles). Nat, tu peux me croire, Flo a été d’emblée séduit par mon concept d’interactivité littéraire, il compte bien en faire la colonne vertébrale (et aussi la moelle épinière) de sa thèse qu’il vient d’ailleurs de résumer à merveille dans une communication à la Sorbonne (Le Monde des Livres du 18/09/2023) : à la faveur de certains effets d’interactivité, le lecteur des « Oraisons » est

invité à éprouver un matériel de lecture hybride et à s’approprier une série d’actes psychosomatiques le plaçant dans des postures dynamiques et dans une oralité gratifiante qui n’est plus celle des premiers temps – Révélation ou Épopée – liée à la recherche d’une essence, mais qui sera résolument une oralité post-moderne se jouant sur des opérations d’enchaînements, de raccords, de chevauchements pour traduire hic et nunc, dans la réappropriation de l’Eros singulier, une temporalité enfin communionnelle et dialogale.''

Éblouissant, non ? Quel poète, ce Florian ! Une « oralité post-moderne » à propos de mes Oraisons ! Décidément, tout en lui me séduit : son intuition, son érudition, ses hypothèses hardies, son esprit pénétrant, son style surtout, la langue déliée, la touffeur des phonèmes, la vigueur de la phrase, son élan tumescent jusqu’à l’intellection, j’aime tout, te dis-je, jusqu’aux sombres clartés de sa sagacité et surtout sa fossette. Dommage pourtant qu’il méprise l’émoi solitaire, plutôt qu’il le méconnaisse.

Extrait de mon essai (Sexercice de style interactif) : LES ORAISONS JACULATOIRES, independently published, AMAZON.

https://www.amazon.fr/ORAISONS-JACULATOIRES-Michel-BELLIN-ebook/dp/B008SGZ8WI